François Piednoir et Gilbert Vincent
Loin de moi l’idée de me substituer d’une quelconque manière à notre ami Jean-Yves Mounier et à la rubrique Bibliothèque qu’il tient d’œil et de plume de maître, cependant, à la fin de la lecture de Pédaler + intelligent, de François Piednoir et Gilbert Vincent, il m’est difficile de ne pas rendre hommage aux auteurs et au formidable, au colossal travail scientifique et technique accompli. D’autant plus que les trois autres contributeurs – ah ! les dessins joyeusement humoristiques de « Heffe », alias « Félix » dans notre revue, qui en agrémentent les pages, saupoudrés ici et là parmi des illustrations bien plus sérieuses ! –, sont des Amis du Randonneur. Du reste, bien qu’édité par la très officielle Fédération française de cyclotourisme, la première impression en découvrant le livre, en feuilletant ses pages, est d’avoir Le Randonneur entre les mains, tout au moins la rubrique « Cyclotechnie » qu’y tenait notre ami François. Même graphisme des illustrations, mêmes polices de caractère, même cartographie, même mise en page. Sauf que ce serait une rubrique de 450 pages…
Il ne s’agit pas d’une réédition enrichie du précédent ouvrage, Pédaler intelligent. C’est une refonte totale, un livre entièrement nouveau, sur les bases d’un sujet certes déjà traité, mais d’une manière entièrement neuve, paru voici déjà plus d’un an. Pourquoi avoir tant tardé pour en parler dans nos colonnes ? C’est que Pédaler + intelligent est un volume scientifique, rationnel, méthodique, savant, donc malaisé, âpre à aborder pour l’humble lecteur que je suis, plus attiré par la poésie et la beauté du papillon qui volette devant mes yeux, que par le genre, le nom latin, la classification que lui donnent les entomologistes lépidoptéristes… Aussi me suis-je approché de cette lecture sans enthousiasme, presque à reculons… J’avais tort.
Bien sûr, la démonstration est abondamment tapissée de formules mathématiques, de graphiques, de tableaux propres à effrayer, mais le propos est extrêmement clair, simplifié, vulgarisé, pour être à la portée de chacun. Et l’on apprend comment fonctionnent le cœur, les hanches, les genoux et les chevilles à chaque coup de pédale, comment est distribuée l’énergie mécanique, mais aussi comment se comporte la bicyclette elle-même, ce qu’il faut faire ou éviter à tout prix, bref, l’ouvrage est terriblement intéressant, passionnant. Et poétique, à sa façon, si le lecteur n’a pas déjà succombé au lyrisme d’une équation : « Avant de se lancer dans le grand concert d’une compétition sur route, d’un triathlon, d’un voyage à bicyclette ou d’une folle envolée sur les routes alpestres, précisons quelques éléments de solfège (…), et prêtons une oreille attentive aux instruments utilisés. »
J’ignore si je pédalerai plus intelligemment à l’avenir, mais j’aurai appris le mécanisme de notre système cardiovasculaire et respiratoire, l’importance de la position du cycliste, ou la règle fondamentale que « ce n’est pas la femme ou l’homme qui s’adapte à la bicyclette mais la machine qui s’adapte à son utilisateur », une règle qui ne doit pas se limiter au seul champ d’action du cyclotouriste mais s’étendre à la vie en général, et je suis sûr malgré tout de pédaler moins bête.
Merci, François et Gilbert.
Pédaler + intelligent
2019 – 45 € + frais de port
Édité par la Fédération française de cyclotourisme
Régis SAINT ESTÈVE