Le Randonneur

Le coin des livres

Les lectures recommandées par les Amis du Randonneur

Hommage à Paul Fabre

Dernier partage

Paul Fabre

Dernier partage

280 pages, 2023, Gilbert Jaccon éditeur, 16 € + frais de port

Dans la rubrique « Bibliothèque » du Randonneur de mai 2023 entièrement consacrée à Paul et à son œuvre littéraire, j’évoquais en introduction Une ivresse continue qui devait être le tout dernier ouvrage de celui qui s’apprêtait à s’en aller le 12 janvier 2023.

Mais Paul ne pouvait pas partir ainsi, il avait encore à dire, à raconter, à inventer, le disque dur de l’ordinateur de Gilbert, son Barbinho, lui servait de coffre-fort sur lequel il veillait soigneusement. Il a ainsi recueilli jusqu’à la fin les écrits de Paul et, avec l’accord et l’aide de ses filles, a entrepris de les publier.

Ce livre posthume, pour lequel il a choisi le titre de Dernier partage, comprend 6 parties :
1- La sagesse buissonnière ou une escapade dans les sentiers de Montaigne
2- Thérapies versifiées « J’aime les sottises et les fariboles… »
3- Regards et réflexions
4- Barques enfuies 61 poèmes
5- Bibliographie complète de Paul Fabre
6- Hommages rendus lors des obsèques.

Si le sujet de ce livre n’est pas le vélo, il y est bien présent, par petites touches fugaces, au hasard d’un poème de Victor Hugo ou d’une réflexion sur les pistes cyclables ou les cyclistes, Paul exerçant là son regard critique sur notre société.

Là n’est certes pas le plus important, ce Dernier partage se veut une ultime plongée dans l’univers d’un être tout à fait à part, terriblement humain, terriblement créatif. Et une invitation à (re)découvrir qui était Paul.

Jean-Yves Mounier

Des Amis du Randonneur publient

Jean-René Farrayre

C’est curieux chez les cyclistes
ce besoin d’écrire des phrases

113 pages, 2022, Éditions Totem, 15 €

À travers ce titre très « audiardesque », détournement d’une célèbre réplique des « Tontons flingueurs », Jean-René s’interroge sur les rapports qu’entretiennent les cyclistes avec l’écriture et la littérature, après avoir découvert, avec une certaine stupéfaction, le nombre impressionnant de publications de tout genre liées à la bicyclette (ou le vélo, il emploie indifféremment les deux termes).

Recherchant d’abord à identifier ceux qui écrivent, « auteurs-cyclistes, cyclistes-auteurs, écrivants ou écrivains, cette dernière distinction faite par Roland Barthes », l’auteur va ensuite survoler l’histoire du cyclisme dans ses liens avec la société, réfléchir sur la « mécanique de l’écriture » avant d’analyser les différents thèmes et genres des écrits.

S’appuyant sur son propre vécu cycliste – « ses rencontres » invitent à les mettre en parallèle avec les siennes – et étayant son propos de nombreuses références – qui donnent envie de lire et d’en savoir plus –, Jean-René nous offre un panorama complet des différents types d’écrits, des motivations des cyclistes écrivains ou des écrivains cyclistes, à moins que ce ne soient simplement que des écrivants…

Un ouvrage à lire avant de s’en aller pédaler… et de le raconter dans les pages du Randonneur !

C'est curieux ... de Jean-René Farrayre

Histoire d'un club cyclotouriste de Christian Lebeau

Christian Lebeau

Amicale Cyclotouriste Caennaise 1952-2022
Histoire d’un club cyclotouriste en Normandie

228 pages, 2022, Amicale Cyclotouriste Caennaise, disponible auprès de l’auteur, 20 € + frais de port

Entre deux relectures assidues des futurs textes à paraître dans notre revue préférée, Christian s’est plongé dans les archives de son club cyclotouriste et en a extrait la substantifique moelle pour publier cette histoire qui devrait ravir quiconque a déjà fait partie d’une structure identique ou a pratiqué le tourisme à bicyclette de longue date.

Exhumant les textes fondateurs et suivant année après année l’activité et l’effectif de l’Amicale, l’auteur retrace en quelque sorte, au niveau local, l’histoire même de la Fédération délégataire, ses hauts, ses bas, ses interrogations, ses atermoiements face aux nouveaux défis à relever, pour arriver de nos jours, avec un nombre très réduit d’adhérents, à se questionner sur l’avenir du club et sa place dans le paysage cyclotouriste actuel.

Très richement illustré, documents officiels, articles de presse, photos des pratiquants, correspondance extérieure, cette brochure nous replonge de manière fort agréable au sein d’un groupe qui a su conserver son identité et l’affirmer haut et fort ; on retrouvera également avec une certaine émotion de signatures bien connues, comme celle d’Abel Lequien, et des souvenirs nostalgiques d’un temps passé, les fameuses sacoches « Sologne », les inusables chaussures « Patrick » ou encore les antiques compteurs kilométriques « Sans fil ».

Un régal….

Jean-Yves Mounier

Mon top 5 des récits de voyage à bicyclette 2022

Hervé Le Cahain a répertorié près d’une soixantaine de récits de voyage publiés en français dans lesquels toutes les destinations, les modèles de bicyclette, les motivations sont présents, le voyage se faisant seul, en couple, en famille ou en groupe plus ou moins informel.
Extraire de ce panel cinq titres a, cette année encore, été un exercice difficile, nombre de récits aurait pu trouver leur place ici (Aurélia Brivet, Nathan Pigourier, Bastien Delesalle, par exemple, auteurs déjà connus des lecteurs de la rubrique « Bibliothèque » ), tous n’ont pas été lus, mais voilà « Choisir, c’est renoncer » pour reprendre la célèbre citation d’André Gide et j’ai choisi…

Cinq récits de voyage que j’ai aimés, qui m’ont fait pédaler avec eux, qui m’ont montré la beauté du monde et de ses habitants. Une sélection subjective et partielle, quitte à vous de partir à la recherche d’autres sensations de lecture, en vous les souhaitant nombreuses et variées.

Jean-Yves Mounier

Micka Berrotaran

À tour de roue

228 pages, 34 €, Éditions Youka, disponible auprès de l’auteur

En 2019, Micka alors âgé de vingt-et-un ans s’envole pour le Pérou, achète Hector sa bicyclette à Lima et s’en va pour six mois pédaler en Amérique du sud, avec la Patagonie comme objectif ultime. Il veut aller à la rencontre du monde, de ses habitants, de ses paysages, il va surtout à la rencontre de lui-même, voulant vivre sa propre vie, partant sans se retourner. Il souhaite également assurer la promotion de l’association ZurekiN qui s’est fixée pour mission d’apporter une aide adaptée à des personnes atteintes de déficience motrice, suite à un accident survenu dans le cadre d’une activité sportive.

Pour réaliser cette autoédition, il s’est assuré le concours d’une artiste graphiste et illustratrice, Clara Lauga, qui va donner vie de belle manière à son récit écrit par petites touches naturalistes et d’une grande sincérité, y ajoutant nombre d’illustrations et photos souvent en pleine page, variant les polices de caractère et leur taille, entre écriture manuscrite et tapuscrite.

L’ensemble est fort réussi, la lecture est fluide et passionnante, un récit de voyage original à déguster sans modération.

A tour de roue de Micka Berrotaran

La Loire en roue libre de Jean-Louis Boudart

Jean-Louis Boudart

La Loire en roue libre

281 pages, 12,90 €, Transboréal

La Loire est sûrement le circuit le plus populaire dans le milieu des cyclo-voyageurs, occasionnels ou au long cours. Tout au long du fleuve, les infrastructures se développent, transformant peu à peu l’itinéraire en véritable autoroute cycliste.

Sur sa Petite Reine, un gravel, tout juste remis d’un cancer, l’auteur s’en va suivre le fleuve des Rois et en explorer les aspects les plus intimes, humains, géographiques, économiques et littéraires, entretenant avec lui une histoire d’amour tendre, cultivée, comme un pied de nez à la maladie qui l’a tellement fait douter. En prenant le temps, en dégustant la lenteur du voyage qui s’impose de plus en plus. « Malgré moi, et sans vraiment m’en rendre compte, je progresse de plus en plus lentement. »

Au-delà d’illustres références, Rabelais, Turner, Balzac, Ronsard, pour n’en citer que quelques-unes, Jean-Louis Boudart n’oublie pas que le fleuve sauvage – à l’exception peut-être de sa rencontre avec l’Océan – est vivant et continue à faire exister sur ses berges nombre d’associations, de particuliers, de personnages aux immenses qualités humaines.

Tout cela nous donne un texte de grande qualité, une revanche sur les aléas de la vie et offre un visage notablement différent du fleuve. « Le secret du bonheur : savoir se satisfaire ».


Malo Le Fur

Cap (au) Nord

69 pages, 10 €, Les Éditions La Belle Terre

Saint-Jacques-de-Compostelle, la Carretera austral ou bien le Cap Nord figurent sans conteste parmi les buts de voyage les plus recherchés par les cyclistes en quête d’aventures, de paysages décoiffants et de rencontres.

Malo Le Fur a choisi, pour cet été 2021, de s’en aller sur les routes scandinaves, à la recherche d’  « une double élévation : l’une physique vers les contrées nordiques, l’autre spirituelle, à la découverte de moi-même. »

Pour notre plus grand plaisir, il va rapporter de ce voyage ce très joli petit livre, alternant courts textes et poèmes, agrémentés de photos en noir et blanc qui traduisent bien les pensées de l’auteur, offrant ainsi une approche originale et sensible d’un voyage à bicyclette des plus classiques, « rencontre du vertical et de l’horizontal » offerte par la Norvège et ses fabuleux paysages.

Une manière originale et poétique d’aborder le récit de voyage à bicyclette qui devrait séduire tout amateur du genre !

Cap (au) Nord de Malo Le Fur

Heureux qui comme Ulysse de Pauline Masson

Pauline Masson

Heureux qui comme Ulysse

334 pages, 22 €, Gilbert Jaccon éditeur

Après une carrière professionnelle bien remplie et une vie familiale aboutie, Pauline se décide à partir seule – parce que c’est plus facile – avec Ulysse, chargé de sacoches, sur les routes du monde.

Ce n’est pas une novice, elle entretient de longue date une histoire d’amour avec ses bicyclettes successives et l’envie de ce voyage ne pouvait que se concrétiser au moment du départ à la retraite, « fête de la fin et du début ».

« Partir pour mieux revenir » mais aussi « aller vers les autres, voir, sentir, humer écouter, comprendre le monde… », sa motivation est énorme, elle aime la vie et va devenir nomade pendant un peu plus d’un an, avant qu’un événement tragique ne la ramène à la réalité et à son domicile. Il lui faudra quinze ans pour aborder de nouveau cet épisode de sa vie et nous livrer ce récit enthousiasmant, chaleureux et, malgré l’adversité, fondamentalement optimiste sur la nature.

Présenté dans Le Randonneur n° 81 de janvier 2023, cet ouvrage joliment et originalement mis en forme – regardez simplement la couverture pour vous en convaincre ! – séduit par sa délicatesse et l’amour qui s’en dégage, un futur classique du genre à n’en pas douter.


Céline Ohnenstetter-Falempin

Une famille à vélo jusqu’en Iran

192 pages, Éditions du Chemin des Crêtes

Deux tendances semblent se dessiner ces dernières années en matière de voyage à vélo : celle de partir seule pour une femme et celle de partir en famille sur les routes du monde. Céline, Manuel et leurs deux filles, Jeanne et Elsa, font partie de ces voyageurs qui n’hésitent pas à tout laisser du train-train quotidien pour aller voir ailleurs de quoi, de qui le monde est fait, offrant aux enfants une ouverture au monde incomparable.

Ce livre ne se veut pas un classique récit de voyage – même s’il en emprunte les codes – ni un guide pratique et touristique, il se veut le témoignage d’une expérience vécue à travers deux voyages familiaux, pour montrer aux futurs parents aventuriers que partir avec sa progéniture n’est pas une vue de l’esprit, ne met pas en péril la santé ou la sécurité des chères têtes blondes, pour peu d’un peu de préparation, d’anticipation et surtout de bons sens.

Bien mis en page et agréablement illustré de photos, cartes et encadrés à visée pédagogique, ce livre à l’écriture fluide qui célèbre les moments heureux et joyeux – sans pour autant occulter les autres – donne forcément envie de partir, en famille… ou en solitaire, homme et femme !

Une famille à vélo jusqu'en Iran de Céline Ohnenstetter-Falempin

La bibliothèque du Randonneur (N° 81)

Bibliothèque du Randonneur


Dans la bibliothèque du Randonneur n° 81 de janvier 2023, vous pourrez découvrir :

  • Frédéric CLOEZ-GIRONE, Petite déclaration d’amour au vélo : aimer le vélo, aimer le voyage, partir sur les routes de France et en revenir pour déclarer sa flamme, avec humour, passion, sans complaisance, un témoignage de la force qui unit la bicyclette à son cycliste.
  • Vladimir VASAK et Angelina MESLEM, Les vélos de Doisneau : aimer les gens, aimer les photographier, les saisir en mouvement, sur ou à côté de leur engin à deux roues, en toute simplicité, un témoignage du quotidien traduisant l’universalité de la relation entre machine et humain.
  • Pauline MASSON, Heureux qui comme Ulysse… : aimer la vie, aimer la liberté, partir vers cet ailleurs, moteur des voyages à vélo et revenir quelqu’un d’autre sans l’avoir voulu, sans pouvoir l’exprimer dans l’immédiateté mais en témoignant haut et fort que « les choses sont belles quand on sait les voir belles ».
  • Alexandre SCHIRATTI, Prendre la route : aimer se tourner vers le passé, aimer raconter, fût-ce le sujet ardu de prime abord, évoquer les pionniers et leurs successeurs les plus actuels, pour témoigner que l’histoire du voyage à vélo s’écrit par petites touches, imbriquées les unes dans les autres, sans prédominance de l’une ou de l’autre.

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Jean-Yves MOUNIER

La bibliothèque du Randonneur (N° 80)

Bibliothèque du Randonneur


Dans la bibliothèque du Randonneur n° 80 de septembre 2022, vous pourrez découvrir :

  • Collectif, À plume et à pédales : quand les récits de voyage à bicyclette sont matière à contributions et à une publication pas tout à fait satisfaisante dans son corpus et sa conception du sujet mais qui apporte cependant quelques beaux textes justifiant largement sa lecture, ce serait-ce que par les cautions inaugurale et terminale de Gérard Bastide et Claude Marthaler.
  • Valentin DEUDON, L’intendresse : quand le cycliste devient poète écorché, souffrant, amoureux et entrevoit à travers la pratique de la bicyclette, la présence du bord de l’eau et les lourdes sacoches à ne surtout pas vider, la meilleure parenthèse possible pour aller de l’avant et ne pas oublier la beauté du monde environnant.
  • Guy PENAUD, Moi, Lawrence d’Arabie à la recherche de Richard Cœur de Lion : quand un voyage d’études à bicyclette en 1908 permet à un jeune citoyen britannique, pas encore célèbre sous son nom d’Arabie, de décrire avec humour les mœurs des Français, avec détail les monuments emblématiques visités, avec passion son amour du vélo.
  • Martijn DOOLAARD, Deux ans à vélo : quand le voyage à vélo devient un mode de vie, personnelle et professionnelle, quand il offre l’opportunité de revenir à une certaine simplicité, quand il justifie l’édition d’un beau livre, superbement illustré, bien raconté et méritant de figurer en bonne place dans toute bibliothèque digne de ce nom.

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Jean-Yves MOUNIER

Vélocio – Le seigneur des cyclos

Charles de Vivie

Charles De Vivie - Vélocio

Petit-neveu de Paul de Vivie, alias Vélocio, l’auteur nous propose ici de découvrir – ou de redécouvrir – les multiples facettes d’un personnage dont l’aura plane toujours au-dessus de la sphère cyclo-touristique, sans qu’il soit certain que sa vie soit si bien connue que cela.

Portrait d’un homme, d’un chef d’entreprise, d’un visionnaire, d’un philosophe du vélo, ce livre très agréable à lire est construit autour de thèmes emblématiques, dressant une biographie vivante de l’inventeur du mot « cyclotourisme » et restitue, de manière synthétique mais précise, l’itinéraire de vie hors du commun de l’Apôtre, véritable légende dont il convient d’analyser l’oeuvre avant de s’en référer à tort et à travers.

Jusqu’à présent, il y avait à la disposition des passionnés l’extraordinaire et indépassable biographie de notre Ami Raymond Henry « Paul de Vivie, dit Vélocio » – cet ouvrage est encore disponible au Musée d’art et d’industrie de Saint-Étienne – mais il n’est pas certain que la lecture des cinq cent quarante pages de cette somme n’en ait pas rebuté certains qui trouveront ici une excellente porte d’entrée pour découvrir celui que Charles de Vivie considère comme un illustre inconnu ! Pour ensuite revenir vers Raymond…

2022 – 182 pages – Éditions 1881, disponible auprès de l’auteur

Prix : 15 € + frais de port

Jean-Yves MOUNIER

La bibliothèque du Randonneur (N° 79)

Bibliothèque du Randonneur


Dans la bibliothèque du Randonneur n° 79 de mai 2022, vous pourrez découvrir
une sélection spéciale “voyages à vélo” :

  • Agnès PEZEU, La diagonale de l’Europe : du nord de l’Écosse au sud de l’Italie, un voyage en duo pour donner du sens à la notion d’Europe, dans ses aspects culturels, historiques et humains, pour se libérer le corps et l’esprit et confirmer que la pédalée permet d’atteindre un état supérieur de conscience dans lequel « tout devient essentiel et savoureux ».
  • Frédéric ALBERT – Israël PARADA, Tribulations coréennes : au « Pays du matin calme », l’un pédale et l’autre dessine, traduisant, en petites touches très personnelles, sensibles et remplies d’humour, les sensations induites par ce pays qui ne saurait se réduire à la technologie et à un voisin pour le moins encombrant.
  • Antoine LONGIERAS, Les 3 Amériques à l’allure d’un papillon : laisser derrière soi sa « vie de larve » pour aller « butiner l’Amérique », partir de Montréal et s’en descendre en Patagonie avant de s’en retourner par le Brésil et les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle, vaste dessein narré ici avec précision et humanité sur une bicyclette « ambassadrice des possibles ».
  • Belén CASTELLO – Tristan BOGGARD, 50 voyages à travers le monde : partir à bicyclette certes, mais où, avec qui, combien de temps, avec quel matériel ? Une multitude de questions qui empêchent parfois de se lancer et pour lesquelles les deux auteurs tentant d’apporter dans ce très beau livre des réponses en s’appuyant sur les témoignages de « cyclo-voyageurs » à travers le monde.

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Jean-Yves MOUNIER

MON TOP 5 DES RÉCITS DE VOYAGE À BICYCLETTE 2021

Plus de cinquante récits de voyage recensés cette année par mon ami Hervé, une bonne année donc, dont il convient d’extraire la substantifique moelle … Pas facile, beaucoup de parutions en fin d’année civile, des titres difficilement accessibles, un temps de lecture pas forcément extensible ! Cette nouvelle sélection annuelle est forcément imparfaite, subjective, pourquoi pas injuste, mais elle traduit bien, au-delà de toutes ses limites, la grande diversité de styles, de destinations, de motivations, qui fait du récit de voyage à bicyclette un véritable genre littéraire. Lisez, voyagez, rêvez !

Jean-Yves Mounier

Yannick Billard

Dans la roue du Petit Prince

250 pages, 12,90 €, Transboréal

Par le hublot d’un avion, le père de famille aperçoit, au-dessus du Sahara, un minuscule point lumineux. Et si c’était le le petit prince ? De cette interrogation, de la fascination pour le roman de Saint-Exupéry, va naître le projet de partir en famille sur les traces des pionniers de l’Aérospatiale, avec Le Petit Prince comme fil conducteur.

Yannick, sa femme et ses trois enfants vont pédaler six mois durant en direction de la Casamance, vivant une expérience familiale hors du commun, une expérience de vie dont ils reviendront changés, épanouis, ouverts aux autres comme à eux-mêmes et remplis d’une humanité propice à affronter une existence plus conventionnelle.

Présenté dans Le Randonneur n° 77 de septembre 2021, ce récit charme par sa poésie, l’originalité de sa démarche et la fluidité sensible de son écriture, offrant au lecteur une belle rencontre avec une famille attachante.


Chapalain l'Appel du Grand Nord

Valentin Chapalain

L’appel du Grand Nørd

260 pages, 21,90 €, Autoédition disponible auprès de l’auteur.

Valentin a un rêve depuis qu’il est tout petit : découvrir les grands espaces de Scandinavie et, pour ce faire, quel meilleur moyen que de partir à bicyclette pour s’en aller voir, tout là-haut, et répondre à l’appel du Grand Nørd ?

Comme de nombreux voyageurs actuels, Valentin va mettre à l’épreuve sa fibre citoyenne en entretenant des relations régulières avec des écoliers, il va quotidiennement ramasser des déchets le long de sa route mais, surtout, il va mettre à l’épreuve son goût des rencontres – on parle souvent du caractère rugueux des Scandinaves – et son amour pour la nature, exigeante dans ces contrées nordiques mais ô combien authentique.

Ouvrir ce livre, c’est partir à l’aventure avec Valentin qui nous emporte avec talent, sincérité et chaleur, dans ses sacoches pour découvrir des lieux et des personnages hors du commun. Au risque de ne plus pouvoir le refermer avant sa conclusion…


Thibault Clémenceau

Un duo vers l’inconnu

418 pages, 18,99 €, Autoédition disponible auprès de l’auteur.

De chez moi à chez toi à vélo, quoi de plus banal ? Sauf, peut-être, quand lui, Thibault, est français et qu’elle, Khanh Nguyen, est vietnamienne, qu’ils viennent de se marier et de décider d’aller de chez l’un à chez l’autre à bicyclette !

Un an, seize mille kilomètres, une sacrée mise à l’épreuve pour ce jeune couple qui, après avoir convaincu les familles respectives, va peaufiner son projet, intitulé Non La, du nom de ces chapeaux coniques omniprésents au Vietnam. Collecte de fonds pour une école, choix de l’itinéraire fortement influencé par la situation géopolitique puis sanitaire, péripéties familiales vont ponctuer un voyage atypique, du fait de la composition du couple, et laissant le temps de découvrir, de se faire sa propre opinion, au risque d’être déçu faute d’avoir trouvé les plus belles choses.

Volontairement écrit à partir des souvenirs et des photos et non, comme souvent, autour des notes prises pendant le voyage, ce récit nous présente un couple d’une grande générosité et qui sait porter sur les aléas de la vie un regard lucide mais optimiste, se concluant par cette injonction propre à éclairer l’existence : Deviens ce que tu es.

Clemenceau Un duo vers l'inconnu

A.Cl-David À vélo sur les Chemins bretons de Compostelle

Anne Clémencet-David

À vélo sur les Chemins bretons de Compostelle

243 pages, 19,50 €, Autoédition disponible auprès de l’autrice.

Il est de coutume de dire qu’il y a autant de chemins de Compostelle qu’il y a de pèlerins. Itinéraires principaux, secondaires, de jonction, selon le point de départ, ils sont plus ou moins connus, balisés, empruntés. Anne les connaît bien, elle qui « pèlerine » depuis plus de trente ans et défend à travers ses ouvrages la diversité des pratiques, des moyens de transport, des durées de marche ou de pédalage.

Qu’en est-il de la Bretagne et de ses trois itinéraires principaux, plus ou moins historiques ? Sont-ils vraiment accessibles, quelles traces laissent-ils sur le terrain ou bien dans le quotidien des riverains de ces chemins ? Autant de questions auxquelles Anne, son VAE et son fourgon, tente de répondre dans cet ouvrage qui vient quelque peu dépoussiérer la « mythologie » du pèlerinage vers Saint-Jacques.

D’un humour discret mais toujours de bon aloi, revenant régulièrement à de précédentes expériences, sachant traduire un amour délicat pour la Bretagne, Anne nous invite ici, au-delà des limites géographiques, à nous faire pèlerins et à aller voir ce qu’est le Chemin pour nous !


Dean Nicholson

Le monde selon Nala

320 pages, 18,90 €, City Éditions

Parler de « feel good » est devenu un lieu commun, que ce soit en matière cinématographique, littéraire ou sur les réseaux dits sociaux qui en font leurs choux gras. Dans ce segment, les animaux jouent un rôle important et il n’est pas rare que, pour provoquer quelques clics « populaires » supplémentaires, les animaux soient mis en avant, à commencer par les chats.

De là à soupçonner, dans ce récit, un coup commercial en mettant en valeur Nala, petite chatte trouvée abandonnée au bord de la route, au centre de ce récit de tour du monde à bicyclette, il n’y a qu’un pas…  Qu’il serait cependant réducteur de franchir, tant la narration de cette aventure va au-delà de cette tentation éditoriale et invite le lecteur à s’attendre à l’inattendu.

Qu’il soit ailurophile ou simple amoureux de la petite reine, chacun saura trouver dans ce livre généreux et rempli de bons sentiments une raison supplémentaire de ne pas se laisser aller à la morosité ambiante.

Nicholson Le monde selon Nala

Un livre de Maurice Leblanc

Voici des Ailes

Coïncidence ; au moment où notre amie Roulement à Billes mettait le nez dans les livres pour nous offrir des perles littéraires et vélocipédiques, notre ami Alain Famelart découvrait Voici des Ailes, roman de Maurice Leblanc – pas encore connu pour la narration des aventures de son célèbre personnage : Arsène Lupin –, et a voulu ensuite partager l’enthousiasme de sa découverte avec les Amis du Randonneur.

L’ami Daniel Curtit nous a fait un bien sympathique cadeau dans le numéro 77 du Randonneur, en abordant le thème de la femme et de la bicyclette à la fin du XIXe siècle. Et de citer ce ravissant ouvrage de Maurice Leblanc, Voici des ailes. Hasard ou prémonition, je venais justement d’acquérir un exemplaire de cet ouvrage, et de m’en régaler, lors d’une après-midi pluvieuse. Paru en 1898, dans une superbe édition illustrée, l’ouvrage a été réédité chez Phébus en 1999, hélas sans ses bien libres illustrations de Lucien Métivet, mais préfacé par le facétieux Antoine de Caunes, amateur éclairé de la petite reine :

« Quel magnifique projet que celui de Voici des ailes, qui se propose de vanter les mérites conjoints et respectifs de la femme et de la bicyclette, et de ceux, gentlemen pas encore cambrioleurs qui les montent. Et puisqu’aussi bien nous voilà en présence du premier roman répertorié de la littérature cyclopédique* – en avance de deux ans (comme Arsène le sera toujours vis-à-vis du vieux Sherlock) sur le très britannique Trois hommes et un vélo de Jerome K. Jerome qui lui, confortant les préjugés futurs d’une Édith Cresson, préfère laisser ses gentlemen entre eux sur leurs petites reines –, saluons le courageux livre de notre Leblanc national comme la pierre fondatrice d’un genre où s’illustreront bien plus tard, bien que sur un ton plus gouailleur, les Blondin et autres Audiard. Car ici l’amour de la bicyclette et l’amour tout court sont destinés à faire bon ménage. Ou plutôt c’est la bicyclette, celle qui donne des ailes aux jambes, et aux sentiments, qui va se charger de remettre un peu d’ordre dans des ménages mal assortis. »

Comme le chantait si bien Yves Montand, dans La Bicyclette :

On était tous amoureux d’elle
On se sentait pousser des ailes
À bicyclette.

Ou bien comme l’écrivait Philippe Delerm dans La bicyclette et le vélo, extrait de Quelques gorgées de bière et autres plaisirs minuscules (Gallimard, 1997) :

« On naît bicyclette ou vélo, c’est presque politique. Mais les vélos doivent renoncer à cette part d’eux-mêmes pour aimer – car on n’est amoureux qu’à bicyclette. »

En 1898, la pratique du vélo est alors affaire avant tout des classes aisées, avant d’être supplantée par la pratique de l’automobile. On se gaussera de constater, que, plus d’un siècle plus tard, ce sont surtout des citadins, aisés et cultivés, qui remettront l’usage de la petite reine à la mode. Mais ce n’est pas le sujet aujourd’hui.

*NDLR : Il semblerait qu’Antoine de Caunes se trompe et ne connaisse pas Le Tour du monde en vélocipède, illustré par Félix Régamey, paru en 1869, roman imaginaire lui aussi. Peut-être qu’il y a plus ancien ? L’avis des spécialistes sera le bienvenu !

(suite…)

La bibliothèque du Randonneur

Bibliothèque du Randonneur


Dans la bibliothèque du Randonneur n° 78 de janvier 2022, vous pourrez découvrir :

  • Claude WEILL, À bicyclette : une balade à travers le temps dans l’univers de la bicyclette. Littérature, peinture, photographie, chanson et autres, l’auteur convoque les arts pour louer les vertus de « la compagne fidèle de l’homme » et s’appuie sur une iconographie de grande qualité dans cet ouvrage à la lecture vivement recommandée.
  • Céline DUBOURG TREUSSIER et Vincent TREUSSIER, 500 jours à vélo : une balade d’un peu plus d’un an autour du monde, en famille, tous ensemble, simplement et le plus lentement possible. À travers la narration de ce voyage, initiatique pour les parents, éducatif pour les enfants, le couple nous montre de belle manière comment pédaler peut être une ligne de vie.
  • Joan NEGRESCOLOR, Alfonsina reine du vélo : une balade colorée et flamboyante dans l’univers d’une cycliste hors du commun. À travers des dessins percutants et un texte réduit au minimum, le dessinateur catalan nous fait (re)découvrir l’un de ces personnages extraordinaires que la bicyclette sait si bien engendrer, pour notre plus grand plaisir.
  • Nathan PIGOURIER, Nath en roue libre – Grain de selle : une balade humoristique et loin des clichés habituels du récit de voyage. Nathan n’est ni un géographe, ni un historien, pour lui, pédaler, c’est aller à la rencontre des autres et le raconter, dans un style qui lui est très personnel, le plaçant réellement à part dans l’univers des cyclos-voyageurs.

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Jean-Yves MOUNIER

Reflets de Pierre dans le Miroir

Pierre Roques

Reflets de Pierre dans le Miroir

Tout amateur de lectures cyclotouristiques connaît le nom et, plus encore, les écrits de Pierre Roques, un auteur que beaucoup n’hésitent pas à placer tout en haut de leur panthéon personnel en matière de littérature vélocipédique.

Avec « Du soleil dans mes rayons » (1976, Denoël) puis « Les Cyclotouristes » (1989, FFCT), sans oublier quelques guides pyrénéens qui ont certainement convaincu certains d’aller explorer ce massif montagneux si cher à Pierre, le zélateur du Comminges a su présenter mieux que quiconque ce qu’était le cyclotourisme, le vélo autrement, à travers le texte naturellement mais aussi à travers la photographie qu’il pratiquait assidûment et avec talent.

Mais saviez-vous qu’entre février 1962 et juin 1971, Pierre Roques avait rédigé, pour le magazine « Miroir du cyclisme », grand nombre de chroniques dans lesquelles il mettait en scène son avatar Godefroy, en y affirmant déjà haut et fort sa vision exigeante du cyclotourisme ?

Ce sont ces textes que Micheline, l’épouse de Pierre, a confiés à Gilbert Jaccon pour qu’il les mette bénévolement à la disposition du plus grand nombre, dans une édition agrémentée avec bonheur de quarante-et-une photographies choisies par la famille dans la collection de l’auteur.

Une excellente initiative qui ravira quiconque a déjà partagé le talent « photo-littéraire » de Pierre et saura éblouir ceux, rares sans doute, qui découvriront là un écrivain exceptionnel, doublé d’un photographe hors pair…

Très chaudement recommandé !

2021 – 284 pages – Gilbert Jaccon éditeur

Prix : 20 € + frais de port

Jean-Yves MOUNIER

Livres d’Or

Livres d’or des 650 – Ouvrage collectif

Le 25 septembre 1994, l’infatigable « apôtre du 650 » organisait au col de la Croix de Mazet (650 m, comme il se devait) la première concentration nationale des 650, prélude à la création, l’année suivante, de la Confrérie du même nom.

À cette occasion, notre Ami Henri, désormais Président d’honneur de la dite Confrérie, ouvrait un Livre d’or pour y recueillir souvenirs et impressions des participant.e.s. Premier livre bientôt suivi d’un second, ces deux opus couvrant la période 1994-2020 et aujourd’hui réunis en un seul volume grâce au travail de Gilbert Jaccon qui les a scannés et mis en page, agrémentant les écrits des consœurs et confrères de nombreuses photos, illustrations et autres dessins qui devraient ravir quiconque a déjà eu l’occasion de participer à ces rassemblements, tout en permettant aux autres de retrouver nombre de visages, souvent également Amis du Randonneur.

À un moment où la Confrérie des 650 connaît, après le départ de Patrick Jean, de profonds changements, voici donc un important témoignage sur l’histoire d’une association attachée à ses valeurs et à son matériel emblématique.

Une lecture recommandée pour que « le passé continue d’éclairer l’avenir » selon une citation de Tocqueville chère à Gilbert.

2021 – 198 pages – Gilbert Jaccon éditeur, disponible auprès d’Henri Bosc : henri.bosc.650@wanadoo.fr

Prix : 18 € + frais de port

Livres d'Or
Livres d’Or de la confrérie des 650

Jean-Yves MOUNIER