Le Randonneur au 37e Festival International du voyage à vélo
Les Amis du Randonneur ont répondu présents à l’invitation de Cyclo-Camping International (CCI) qui mettait à disposition un stand, parmi beaucoup d’autres, occupés par des cyclotouristes voyageurs ou voyageuses, venus présenter leurs périples et expériences, contés dans de nombreux ouvrages. La preuve, s’il se doit, que le papier a encore de l’avenir. Le Randonneur était donc tout à son aise dans cet environnement, d’autres magazines étant présents : 200, Carnets d’aventures, Duocipède, Cyclotourisme. Le festival est un rendez-vous incontournable, pour présenter notre chère revue, déclencher de nouveaux abonnements ; mais aussi pour rencontrer des abonnés.
Le festival se tenait cette année au Mans, dans la Sarthe, les équipements de Vincennes étant en travaux. C’était un risque assumé par les organisateurs qui ont été surpris (nous aussi) par la fréquentation très élevée des différents stands et séances de projections !
Les gens sont venus de loin ; nous en avons rencontré qui venaient du Grand Ouest, Nantes, Brest, mais aussi du Pas-de-Calais. Philippe et Michèle nous avaient rejoints depuis Nancy.
S’occuper du stand, c’est un peu comme les 24 Heures du Mans, il faut changer régulièrement d’équipages, pour profiter aussi des projections, et visiter les exposants. Nous y sommes arrivés, les volontaires étant suffisamment nombreux. Comme d’habitude, Marilou fut infatigable le samedi !
Sur notre stand, nous avons pu rencontrer une vingtaine d’abonnés, en engranger trois nouveaux. La recette dégagée par la vente de revues et du numéro spécial « nos P’tits coins méconnus » fera plaisir à notre trésorier. La revue est bien perçue, les photos, les cartes… Un ancien abonné trouve qu’elle tourne en rond, et regrette les « belles plumes de jadis » Paul Fabre, Raymond Henry, Abel Lequien. La roue tourne, il faut laisser à d’autres plumes (de claviéristes !) le temps de s’installer, tout ne se fait pas en un jour.
Pour ceux qui ne connaissaient pas spécialement Le Randonneur, et qui nous considèrent un peu comme un autre CCI, il nous est nécessaire de rappeler la philosophie et la particularité de notre association, dont le but est avant tout d’éditer une revue qui parle de vélo, écrite et mise en page par ses abonnés. Nous ne sommes pas organisateurs de voyages ou de séjours, même si nos rencontres permettent de nous retrouver.
Les stands plus techniques, qui proposaient des vélos et équipements divers, occupaient une belle surface. J’y ai passé du temps ; vous trouverez un compte-rendu dans le numéro 86 du Randonneur.
Le festival CCI est un excellent vecteur pour faire connaître notre revue. Et il est gratuit.
Le président du comité d’organisation de la Semaine Fédérale FFCT de Roanne (qui est un abonné, fidèle) nous propose, dans les mêmes conditions, un stand sur le village fédéral, du 20 au 28 juillet. Nous cherchons des volontaires pour s’en occuper !
De plus en plus de campings n’acceptent plus les randonneurs !
“A l’initiative de gérants de campings et de citoyens engagés dans l’univers du camping, nous avons créé le collectif « Sauvons le vrai camping ». En quelques mots, nous ne sommes pas contre le développement des mobil homes et des locatifs en général, nous ne sommes pas contre la montée en gamme et les équipements parfois démesurés, nous ne sommes même pas contre la financiarisation galopante, mais il n’est pas négociable que pour être un camping, il faut réserver une part minimale raisonnable d’emplacements aux vrais campeurs en tentes, camping-cars, vans ou caravanes.”
Nous étions à Vincennes au festival organisé par Cyclo Camping International
Les 21 et 22 janvier 2023
Du festival CCI
C’est un moment incontournable pour tout amateur de randonnées et de voyages. Covid nous en ayant empêché pendant deux ans, se rendre à Vincennes pour la 36e édition du Festival international du voyage à vélo était évident. Les Amis du Randonneur y étaient présents, un espace nous étant réservé entre le magazine 200 et l’association Railcoop. Nous sommes plusieurs à avoir animé cet espace, bienvenu, y rencontrant de fervents abonnés, mais aussi, et surtout, des personnes ne connaissant pas notre association et son objet : l’édition de la revue Le Randonneur. Il faut remercier ici l’infatigable Marilou, très présente le samedi, Hélène et Pierre, Michèle et Christian, ainsi que votre serviteur, tous contribuant à la diffusion de notre philosophie cycliste.
Onze abonnements seront souscrits, plus de cinquante revues diffusées, offertes contre une libre participation financière ; sachez que la générosité des visiteurs nous a agréablement surpris et comble notre trésorier.
L’aspect financier compte, bien entendu, mais le plus important relève du niveau des échanges avec les visiteurs, des questions diverses, qui donnent à réfléchir sur la démarche, la philosophie, la raison d’être du Randonneur, et de l’association qui permet sa réalisation et sa diffusion.
La revue est globalement perçue comme étant très qualitative. Les cartes sont unanimement plébiscitées. Ce qui révèle la principale demande de nos visiteurs : des itinéraires, des idées de voyages, de rencontres aussi. Nous pourrions créer une agence de voyages ! Le Randonneur est un peu considéré comme un CCI bis. Il nous faut alors faire preuve de pédagogie pour expliquer que le principal objet des Amis du Randonneur est l’édition d’une revue aux qualités littéraires certaines.
Les exposants qui nous entourent proposent d’ailleurs beaucoup d’itinéraires, de séjours, etc. Beaucoup moins de conseils sur les équipements, la façon de se déplacer, etc. Notons que les ouvrages relatifs aux voyages sont souvent écrits par des femmes.
Des fabricants de vélos présentaient de belles machines, aux normes de notre époque, pratiquement tous typés gravel, pneumatiques de grosses sections, transmission mono-plateau, loin de nos indémodables (ou démodées) randonneuses.
Voilà ce que j’ai saisi, un peu au vol, de ces deux jours entre tenue du stand et visionnage de films qui donnent envie de s’échapper. Et qui donne aussi à réfléchir quant à l’évolution du Randonneur.
Alain Famelart
Marilou et Alain sur le standLa salle de projectionExpo photo temporaireLe centre culturel Pompidou.Du côté des artisansCycles Itinérances
C’est avec une immense tristesse que nous avons appris ce 12 janvier 2023 la disparition de notre ami Paul Fabre.
Paul était l’un des plus fidèles Amis du Randonneur rédigeant une cinquante de textes pour notre revue depuis 1994. Professeur émérite de l’Université de Montpellier, il avait la passion de la langue et des mots mais également de la randonnée à vélo, principalement celle au long cours.
Nous lui rendrons hommage dans le prochain numéro de notre revue, en mai prochain.
1998 – Première rencontre des Amis du Randonneur – Photo de Claude Raffenne
Retrouvez un texte manuscrit de Paul publié en 1994 dans le numéro 2 du Randonneur (à télécharger ici).
1998 – Auxi-le-Château (Pas-de-Calais)
1990 avec Raymond Henry1998 Auxi-le-Château2008 avec son fidèle compagnon de route, Bébert2006 Blainville-sur-Mer
Paul Fabre a publié de nombreux ouvrages. Vous pouvez retrouver tous ses livres en lien avec le vélo sur le site http://biblio-cycles Ils sont disponibles et édités par Gilbert Jaccon.
Ses obsèques ont eu lieu ce lundi matin, 30 novembre 2020, à dix heures. Abel, l’initiateur, puis le fondateur de notre revue et de notre association, s’en est allé vendredi dernier, des suites d’une longue maladie qui l’ont affaibli, fragilisé, tant mentalement que physiquement. Cette nouvelle est triste, affligeante, difficile à recevoir, même si nous savions que l’inéluctable se produirait forcément ; nous sommes tous condamnés à mort… La seule consolation qui doit nous animer est qu’il souffrait beaucoup, depuis des mois et des mois, et qu’il est parti pour un monde meilleur, sans souffrances. Peut-être qu’il aura très vite le plaisir de retrouver là-haut notre ami Raymond, lui aussi disparu en cette sinistre année ; ils en auront des choses à se raconter, n’en doutons pas ! Gardons dans nos mémoires et nos cœurs l’immense générosité d’Abel – malgré les rumeurs d’un caractère difficile, mais c’est le propre des vraies personnalités –, qui a initié Le Randonneur pour faire partager sa passion de la randonnée, tant pédestre que cyclotouriste, et qui, une fois qu’il a voulu se retirer de la présidence, nous a fait cadeau de l’association et de la revue, pour que cette œuvre perdure, avec simplicité, bon sens, légèreté d’être et joie de vivre dans l’amitié, les amitiés nouées au fil du temps et des kilomètres parcourus ensemble. N’oublions pas l’homme et ce formidable héritage que nous lui devons. Emmenons-le en pensée avec nous lorsque nous remontons en selle pour une randonnée.
Merci, Abel, du plus profond du coeur et de l’âme.
Régis Saint Estève et le comité de rédaction du Randonneur
Auxi-le-Château en 2008 (Photo Philippe Pariot)
En 1950, Abel a 17 ans lorsqu’il découvre le cyclotourisme au sein du Véloce-Club-Auxilois, un des rares clubs du Pas-de-Calais. Il parcourt sa région lors de ces premières années de pratique, puis des horizons plus éloignés au fil du temps. Il prend goût aux longues distances (brevets de 100 et 200 km). De 1953 à 1967, il lui semble que la bicyclette est rangée au rayon des souvenirs de jeunesse : le service militaire puis les obligations professionnelles et familiales l’accaparent. En 1968, son voisin et son copain de régiment, Serge Calonne, le décident à reprendre les balades à vélo : le virus le reprend et ne le quittera plus. Il retrouve le club de ses débuts qui était devenu Les Cyclos-Randonneurs Auxilois et adhère à la Fédération Française de CycloTourisme. Il s’investit dans son club, encadre les jeunes, prend des responsabilités au sein de la FFCT. Il découvre la revue Le Cycliste qui devient sa bible puis celle de la fédération Cyclotourisme dont il devient membre de l’équipe de rédaction. Il crée un bulletin de club Vallée de l’Authie et en assure la parution de 1968 à 1992. Sa pratique s’intensifie durant toutes ces années. Il devient adepte des randonnées au long cours (Paris-Brest-Paris, diagonales…) et de la randonnée en montagne (Antibes-Thonon-Trieste, Haute route des Pyrénées, Suisse, Corse…). En 1985, il devient l’un des premiers adeptes du VTT en France et publie le premier article du genre dans la revue de la FFCT. Parallèlement, il pratique la randonnée pédestre pour de petites et grandes balades (Tour du Mont-Blanc, traversée des Écrins…).
En 1993, Abel Lequien prend ses distances avec la FFCT et publie le premier numéro de Le Randonneur du Val d’Authie. Tout d’abord d’audience locale, il fait parvenir sa revue à ses amis cyclotouristes des quatre coins de la France qui lui adressent rapidement des textes de qualité. Au fil des premiers numéros, ce sont les textes des meilleures plumes parmi les randonneurs qui se joignent à lui et qu’il publie : Pierre Roques, Paul Fabre, Raymond Henry, Claude Raffenne, Henri Bosc… Le nombre des abonnés augmente alors à grand rythme. La revue devient biannuelle. En 1998, Abel propose à ses abonnés de se retrouver durant trois journées à Auxi-le-Château pour pédaler ensemble et échanger. Le succès est retentissant. C’est la naissance de la première rencontre. De nombreuses autres vont suivre, au fil des ans. De 2000 à 2011, Abel s’investit totalement dans la réalisation, la diffusion, la promotion du Randonneur et de ses désormais trois numéros annuels. Il s’entoure petit à petit d’une équipe pour le seconder et l’aider à réaliser une revue qui se perfectionne : passage à la couleur, utilisation d’outils numériques, création d’un site internet. En 2012, après tant d’années de travail et de passion, Abel transmet Le Randonneur, sa revue, à une association Les Amis du Randonneur créée quelques années plus tôt. Le flambeau est repris par une équipe de rédaction menée par François Piednoir. Depuis 2015, un nouveau comité épaule Régis Saint Estève, rédacteur en chef, dans la lourde tâche de poursuivre l’œuvre d’Abel Lequien.
Cliquez sur les photos pour les agrandir (Photos de Marie-Odile Bertou et Guy Canbéssèdes)
Abel aimait écrire et photographier
En 2000, il publie Passion de la Randonnée , ouvrage dans lequel il regroupe les récits de trente années de randonnées cyclotouristiques et pédestres, petites et grandes, aux quatre coins de la France.
Nostalgie regroupe 55 photos noir et blanc des années soixante prises dans les environs d’Auxi-le-Château.
C’est avec une immense tristesse que nous avons appris le 21 juin 2020 la disparition, après de longs mois d’hospitalisation, de notre ami Raymond Henry.
C’est un ami qui prend congé de nous, et quel ami! La gentillesse, la bienveillance, la discrétion, la modestie étaient les premières de ses qualités.
Raymond était aussi l’Historien du cyclotourisme, avec un grand “H”; outre les très riches et très intéressants ouvrages qu’il a consacrés à la genèse et aux évolutions de notre passion pédalante, il mettait avec une grande générosité ses connaissances immenses, inépuisables, au service du Randonneur et de la rubrique “Histoire” qu’il tenait de main de maître. Qui d’entre nous n’a pas apprécié sa plume alerte, qui racontait simplement de grandes choses? Là ne se trouvait pas le moindre de ses talents: Raymond était aussi fin technicien que remarquable historien.
Bien sûr, une longue et impénitente pratique du cyclotourisme sous toutes ses formes accompagnait la passion pour son histoire; elle en est peut-être née, au fil des randonnées, des rencontres de cyclotouristes marquants. Raymond est le lien entre ceux qui ont connu, roulé avec Vélocio, et notre époque moderne. Grand randonneur, les Diagonales de France, Paris-Brest-Paris, le Brevet des Provinces Françaises, le Raid Pyrénéen, le Tour de France Randonneur, font partie entre autres de son palmarès, terme qui l’aurait vraisemblablement fait largement sourire et quelque peu gêné. Nul doute que le Ventoux voisin reçut souvent sa visite.
Tout le comité de rédaction s’associe pour présenter à Rachel, son épouse, ses plus sincères condoléances et lui témoigner que nous partageons sa douleur d’avoir perdu notre ami.
Gardons à l’esprit, chaque fois que nous plongeons dans les livres qu’il a écrit, dans les articles qu’il a donnés au Randonneur, l’image de son sourire, de sa courtoisie sereine et du bonheur qui fut le sien de tenir un guidon et de rouler, rouler, rouler encore, en cyclotouriste amoureux des beautés de la nature, et avide de partager cette joie avec des amis. Que Raymond roule avec nous chaque fois que nous roulons.
Régis Saint-Estève
Raymond Henry a publié de nombreux ouvrages, dont les trois volumes consacrés à l’histoire du cyclotourisme, ainsi qu’une centaine d’articles dans notre revue Le Randonneur, depuis 1996.
Comme annoncé sur le site du Randonneur, les 9, 10 et 11 novembre une vingtaine de vélocipédistes se sont lancés sur le parcours Paris-Rouen en souvenir du 150ème anniversaire de la première randonnée à vélo(cipède) en novembre 1869 qui allait de Paris à Rouen. Les routes d’hier, comme la circulation, n’étaient pas celles d’aujourd’hui et nos vélocipédistes de 2019 ont bien du mérite, mais quand on aime…
Même si eux mettront trois jours, quand les vélocipédistes de 1869 devaient mettre 24 heures.
Photos de Marilou Cauchon
Ils s’étaient donné rendez-vous au matin du 9 novembre au café « Le Cristal », avenue de la Grande-Armée, au coin de la rue de Tilstitt, à l’ombre de l’Arc de Triomphe. À 7 heures, il y avait forte animation au café où je les ai retrouvés. Puis l’heure de l’avant-départ est donnée ; celui de quitter le café et de se préparer au grand départ, avec salve de photos pour marquer l’événement. Keizo Kobayashi ne manque pas de lancer « son cri de guerre » dont il est coutumier, en soulevant son lourd vélocipède.
Les vingt participants, dont une femme, sont tous vêtus avec élégance, ce qui contraste avec les cyclos à la mode 2019 qui les accompagnent pour sortir de la région parisienne, à l’exception de deux d’entre eux que je reconnais pour avoir l’habitude de « rouler à l’ancienne », c’est-à-dire avec élégance vestimentaire. À 7 heures 30, revêtus par sécurité d’une chasuble blanche, ils s’élancent sur leur lourd engin pour une randonnée de 172 kilomètres sur trois jours. Ils quittent Paris, avant le lever du soleil, par l’avenue Foch et le Bois de Boulogne. Cette première journée de vélocipède les amènera à Mantes-la-Jolie.
Quelques-uns de nos amis les ont retrouvés sur le parcours, dont Patrick Jordan qui est allé à leur rencontre à Triel et les a accompagnés sur une trentaine de kilomètres jusqu’à Limay.
« Dans les communes traversées : Triel-sur-Seine, Vaux-sur-Seine, Thun, Hardricourt, Meulan, Gargenville, les vélocipédistes étaient accueillis chaleureusement par les maires et une foule de gens admirative de leur performance. Par contre, pour les accompagner, nous n’étions alors que trois cyclistes. Il faisait beau et j’ai passé un très bon après-midi au côté de ces valeureux vélocipédistes qui tous roulaient dans la bonne humeur », dit Patrick.
Photos Patrick Jordan
Le lundi 11 novembre, le groupe des 20 Vélocipédistes partis des Andelys, se dirige vers Rouen pour la troisième et dernière journée de ce périple mémoriel.
Le froid et la pluie ont rendu la matinée bien difficile ; ils accusèrent une heure et demie de retard sur l’horaire prévu.
Heureusement, le soleil les sécha et réconforta l’après-midi.
À leur arrivée à Amfreville-la-Mi-Voie, dernier point d’animation et de rencontre avant Rouen, ils étaient souriants et disponibles aux échanges.
En regardant leurs montures, j’ai constaté un anachronisme amusant : celui qui menait le groupe avait installé sous son guidon un compteur GPS. Seul concession à la modernité, car pour le reste, vélos et tenues donnaient tout à fait l’impression d’être retournés 150 ans en arrière.
La seule femme présente m’a dit avec un grand sourire qu’elle était heureuse de représenter les femmes de l’édition de 1869.
Certains, plus âgés, semblaient bien fatigués, et expliquaient qu’à chaque tour de pédale, il fallait compenser l’équilibre en tirant sur le guidon, d’où des douleurs aux bras plus qu’aux jambes. De plus, il y avait des côtes un peu raides, qui les ont obligés à monter et quelquefois même à descendre à pied. En voyant les vélocipèdes de près, on comprend vite pourquoi.
Certains avaient placé des rubans de caoutchouc autour du fer de leurs roues, à cause de la pluie, ce qui s’était également fait 150 ans plus tôt.
Ils ont bien expliqué à la foule amassée le but de leur périple, son histoire, et parlé de leur passion pour le vélocipède. Malgré l’heure tardive, ils ont terminé par une animation en faisant chanter tout le monde, à l’initiative de Gérard Holtz, l’un des participants.
Une bien belle rencontre avec ce groupe de passionnés.
Ils sont repartis à la nuit tombante, pour arriver ensemble à Rouen.
Photos Marie-Odile Bertou
Marie-Lou Cauchon – Patrick Jordan – Marie-Odile Bertou
Le 4 avril dernier, notre ami Max partait avec ses camarades du club de Villers-Saint-Paul, dans l’Oise, pour une belle matinée de vélo, quand ce qui ne devait pas arriver arriva. Un trou dans la descente rapide de la Pierre Turquaise de la forêt de Carnelle, près de Beaumont-sur-Oise, fit chuter Max. La chute aurait été banale sans la présence d’un piquet en métal sur lequel il s’est écrasé. Le piquet a provoqué fracture du bassin, de la colonne et surtout hémorragie interne où il a perdu beaucoup de sang. Pris en charge par un urgentiste qui l’a emmené à l’hôpital de Beaumont, il a ensuite été transporté dans le coma à l’hôpital Beaujon, où il est décédé dans la nuit, à l’âge de 73 ans.
Max AUDOIN était un cyclotouriste passionné, pratiquant aussi bien le cyclotourisme en famille avec femme et enfants, et plus tard petits-enfants, avec lesquels il partait pour des voyages itinérants, les sorties avec ses copains du club de Villers-Saint-Paul que le tourisme à bicyclette (il venait de terminer le Brevet des Provinces Françaises), ou les longues distances à vélo qu’il affectionnait tant, de celles qui imposent le respect, en référence aux grandes randonnées que sont les 40 heures Vélocio, le Paris-Brest-Paris (6 fois), les diagonales (il avait bouclé à trois reprises la série des diagonales de France), le Tour de France, les Thonon-Trieste, Thonon-Venise… et que sais-je encore.
J’ai rencontré Max pour
la première fois dans l’atelier des cycles Alex Singer à Levallois
dont il était un habitué ; Max prenait grand soin de ses
machines. Malgré les kilomètres parcourus, ses vélos toujours
impeccables faisaient de lui un des meilleurs ambassadeurs de
l’artisan-constructeur dont il était devenu l’ami, ne manquant aucun
des rendez-vous auxquels il était attaché, comme le « rallye
Alex Singer » ou la « randonnée du Souvenir », le
11 novembre à Rethondes.
En digne héritier de
Vélocio, Max se définissait par les mêmes qualités que l’on
reconnaissait au Maître : convivialité, simplicité,
camaraderie, goût de l’effort et respect des autres.
C’était un ami
du Randonneur de longue date. Adieu l’ami, tu nous manques déjà.
Les Amis du Randonneur étaient aux festivals du voyage à vélo
Roques-sur-Garonne
Vél’osons à Chambéry
Comme tous les deux ans, Chambéry accueillait une nouvelle édition (la quatrième) du salon du voyage à vélo Vélosons.
Pour leur troisième participation, les Amis du Randonneur ont assuré, durant les deux jours, la tenue d’un stand afin d’y présenter la revue et l’association.
Malgré un public timide, nous avons pu placer quelques revues et convaincre trois personnes de s’abonner.
Nous avons reçu beaucoup de félicitations concernant la qualité de la publication.
Bernard et Pierre
Je tiens à remercier les Amis qui ont bien voulu m’accompagner pour la tenue du stand : Pierre, Gilbert, Jean-François, Daniel et Michel.
D ans le milieu cyclotouriste, notre
ami Henri Bosc s’est fait un nom, et nombreux sont les amis du Randonneur qui le connaissent. Mais combien
connaissaient son frère aîné, Paul ? Peu sans doute. Et pourtant, les deux
frères, très différents, étaient indissociables. Paul, de quatre ans plus âgé
qu’Henri, nous a quittés le 1er février 2019.
Paul Bosc en 2012 (Photo Marie-Lou Cauchon)
Si Henri est une personnalité, Paul était un personnage avec sa barbe et ses longs cheveux blancs, tel un père Noël sur un vélo.
Je connais Henri depuis la fin des années 1970, mais je n’ai fait la connaissance de Paul qu’en 2001. C’était à la rencontre nationale de Vesdun. Nous logions dans le même hôtel, à Culan quand, le premier matin, au moment de prendre mon vélo dans le garage, je vois un « père Noël » en train de l’ausculter. « C’est à vous ce vélo ? » me dit-il avec le ton sans fioritures qui était le sien. « Il est pas mal » ajoute-t-il « mais il aurait besoin d’être plus gonflé ». « De quoi se mêle-t-il » pensais-je alors. Il se présenta : Paul, le frère d’Henri. Difficile à croire tant ils étaient dissemblables, mais je sus tout de suite qu’ils avaient le même amour de la bicyclette, ou plus exactement de la randonneuse.
Contrairement à Henri, Paul, féru de mécanique, savait mettre la main dans le cambouis. Et son « dada », c’était la position du cycliste sur un vélo. Avant de voir le cyclo qui roulait, Paul voyait la machine, et un simple coup d’œil lui suffisait pour dire si votre vélo était adapté à votre physiologie. Si tel n’était pas le cas, il donnait au « cyclo-néophyte » les conseils utiles pour remédier par de simples réglages à une mauvaise position qui, à la longue, pouvait s’avérer invalidante.
Cette première rencontre avec
Paul fut suivie de quelques autres, notamment à Auxi-le-Château (62),
Saint-Gervais-sur-Mare (30), Sare (64) … Autant Henri est communiquant, autant Paul
était sur la réserve. Mais quand Paul se sentait en confiance avec les gens, le
masque de « bougon » tombait. Au fil des rencontres j’ai acquis sa
confiance et j’ai pu apprécier Paul pour ses qualités d’homme intègre et
cultivé. Homme de caractère, Paul avait ses faiblesses, comme la gourmandise
devant un bon plat et surtout une bonne glace dont il raffolait (tout comme
Henri d’ailleurs).
Paul et Henri, deux frères aussi
différents qu’on peut l’être, mais complémentaires. Telles les deux faces d’une
même pièce, l’un est resté dans l’ombre et l’autre a pris la lumière. Si Henri
a perdu plus qu’un frère, nous avons perdu un ami.
Paul et Henri Bosc en 2012 (Photo Marie-Lou Cauchon)
Mon frère Paul (texte extrait de la revue “Le CIBiste” de mars 2019)
Par Henri Bosc
N é le 26 avril 1931, 4 ans avant moi, à Montauban (Tarn-et-Garonne), Paul a eu tout jeune une forte vocation pour l’aviation ; n’ayant pu devenir pilote pour des raisons de santé (problèmes ORL et rénaux, avec ablation d’un rein), il se tourna tout naturellement vers l’aéromodélisme dont il devint un spécialiste reconnu et en fit son métier d’artisan modéliste-maquettiste.
Dans son atelier-magasin, il concevait, construisait et faisait voler des modèles de toutes catégories (Vol Libre, Vol Circulaire Contrôlé, Radiocommande). Dans le cadre du club qu’il avait créé, il organisait de grands concours régionaux et il aimait former des jeunes à la construction et au pilotage des planeurs et avions modèles réduits. Sa grande fierté était d’avoir su leur transmettre sa passion, certains de ses élèves étant devenus grâce à lui, comme ils le reconnaissent eux mêmes, des pilotes chevronnés en aviation grandeur nature, voire des as de la voltige aérienne.
Sa deuxième passion fut incontestablement le cyclotourisme. Dans notre jeunesse, la bicyclette était le seul moyen de nous évader pour de petites escapades, seuls ou avec des copains, car il n’y avait pas d’autres engins à la maison.
Mais, suivant les mutations professionnelles de notre père, c’est après quelques années passées à Chambéry (en Savoie), en arrivant à Bordeaux au milieu du 20e siècle, que nous avons débuté la pratique organisée du cyclotourisme, ayant connu la FFCT grâce à un voisin membre des Audax Girondins ; nous faisions avec eux de longues randonnées dominicales et participions à des concentrations où nous avons eu l’occasion de côtoyer et de rouler avec le CIB de La Tombelle et Gessner (voir le Plein cadre d’Henri).
Bien équipés avec nos randonneuses Hirondelle puis René Herse, nous partions ensemble pour des voyages itinérants en autonomie, effectuant tous nos trajets à vélo, notamment pour participer aux Semaines Fédérales ou rechercher les BPF. Nous nous faisions au début héberger dans des fermes, couchant dans la paille des granges ; par la suite, lorsque nous avons pu acquérir le matériel nécessaire, réparti sur nos deux machines, nous avons pu pratiquer assidûment le cyclo-camping, itinérant et en étoile. Par exemple, après la Semaine Fédérale de Digne en 1964, nous avons effectué ensemble un périple montagnard où nous avons grimpé les cols du Parpaillon (cyclo-muletier) et du Restefond, ainsi que la cime de La Bonette (2802 m), la plus haute route asphaltée de France ; de même après la SF de Gap en 1970 où un volatile a perdu la vie en passant sous la roue de la randonneuse de Paul dans la descente d’un col, occasionnant pour lui une spectaculaire gamelle heureusement sans conséquence grave.
Excellent photographe, Paul a ramené de nos voyages une belle moisson de diapositives couleur. Gêné par une rhinite chronique et souffrant souvent des reins, il a eu du mérite d’effectuer quand même toutes ces randonnées ; obligés de nous arrêter de temps en temps quand ses douleurs étaient trop fortes, il nous arrivait de prendre un retard tel que nous rentrions très tardivement, jusqu’à descendre le Parpaillon de nuit sur un chemin en cailloux.
En raison de ses problèmes de santé, Paul a été amené à étudier très soigneusement la position à vélo pour ne pas souffrir et a réalisé une étude approfondie sur le sujet qui fait autorité. Cette notice ou étude sur le positionnement à bicyclette et les caractéristiques d’une randonneuse a servi de base pour un article de fond, concernant le même sujet , dans « Cyclotourisme » (N°498 – Décembre 2001), revue officielle de la Fédération Française de Cyclotourisme. Elle a aussi été reprise dans divers sites internet spécialisés dans le cyclisme. Elle a été distribuée à ce jour, à leur demande, à près de 500 cyclistes et cyclotouristes. Tous ceux qui l’ont mise en pratique ont été très satisfaits et ont redécouvert le plaisir de vélo sans douleur : les cyclos qui sont venus chez nous se faire mettre en position par Paul peuvent en témoigner.
Mon frère Paul a certainement joué un rôle déterminant dans ma vocation de cyclotouriste, en me permettant d’accéder à de véritables bicyclettes de randonnée, naturellement en 650B, sur lesquelles il a fait les adaptations nécessaires pour le positionnement et le choix des braquets (gamme privilégiant les petits développements). Féru de mécanique, il effectuait tous les réglages et l’entretien courant, ce qui fut particulièrement appréciable pour moi, étant peu doué pour la technique pratique et le travail manuel.
Nos liens indéfectibles perdureront jusqu’à nos retrouvailles. Au revoir Paul.
Le
10 octobre 2018, Serge CALONNE prenait le départ d’une randonnée ultime,
autrement plus durable que le Brevet des Provinces Françaises qu’il avait si
longuement dégusté et si magistralement mémorisé et relaté.
Serge Calonne dans le Boulonnais
Pour tous les cyclotouristes, Serge fut une sorte de maître,
mais sans la règle et la férule, car il personnifiait la bienveillance, la
gentillesse et l’optimisme, qu’il agrémentait de fantaisie poétique. Ces
qualités lui donnaient une autorité naturelle, ce qui l’a beaucoup aidé dans
ses fonctions de dirigeant local, au club de Liévin, au niveau régional à la
Ligue des Flandres, et au niveau national à la FFCT, charges et honneurs que
d’autres exposeront mieux que je ne saurais le faire, tant le tra-la-la officiel nous importait peu à
tous deux… En dépit de notre proximité, cette autorité m’a toujours
impressionné au point que je l’appelais toujours « Monsieur CALONNE ».
« SERGE ! » répondait-il invariablement…
« Monsieur
PETIT, je vais vous offrir une fraise des bois. ». J’ai encore en mémoire
la voix de Serge, au bord d’une route forestière, sur un replat près de
Léoncel, dans le Vercors, lors de la Semaine Fédérale de Valence en août 1976.
Ces quelques paroles, ce cadeau sublime de simplicité, témoignent de toutes les
qualités de la personnalité de Monsieur CALONNE.
Sa vision poétique
du monde lui faisait apprécier la Beauté, où qu’elle se trouve, et il savait
repérer et mettre en valeur des détails que nous sommes peu capables de dénicher.
Il y avait toujours de l’insolite, du curieux et du drôle dans les randonnées
qu’il organisait. Ainsi, le lendemain des obsèques, ma bicyclette m’emmenait
revoir la statuette de pioupiou au fond du cimetière de Givenchy-le-Noble
(village artésien plus connu pour sa fabuleuse allée de tilleuls), en souvenir
d’un jeune soldat tombé en 1915, statuette que Serge avait dénichée et
incorporée dans une « randonnée-découverte » au début des années 2000.
Nous avons partagé le
goût de la recherche d’itinéraires, de beaux passages insolites, de monuments méconnus,
que nous aimions faire découvrir aux autres amoureux de la promenade cyclotouriste
(des « p’tits coins méconnus » avant la création du Randonneur). Ainsi, Serge fut le
créateur de la « Randonnée des Collines d’Artois », organisée dans
les années 70 par son club de Liévin, et qui révéla à beaucoup les hameaux du
Tirlet ou de Guestreville, sur les hauteurs de l’est du Ternois, des lieux bien
plus visités de nos jours… Lors d’une édition par un temps plus que maussade,
nous fûmes réconfortés par cette inscription tracée par Serge au sommet d’une
côte : « Admirez nos gris ! »
Notre rencontre remonte à 1963. Jeune étudiant, je pratiquais la
promenade à bicyclette depuis environ trois ans, autour d’Arras, alors ville de
résidence de ma famille. C’était un pur délassement physique et mental, car je
n’avais aucun goût pour les activités sportives, et c’est toujours le cas. Je
fus attiré à une conférence-découverte sur le cyclotourisme proposée dans une
petite salle de l’Hôtel de Ville d’Arras. Vous devinez que le jeune instructeur
qui présenta alors le matériel, la philosophie et les activités de la FFCT
était Serge CALONNE. Une vingtaine de jeunes, présents ce jour-là, furent
invités à une courte randonnée (25 km) aux environs d’Arras, sur des routes que
je connaissais par cœur ; mais les conseils me furent si bien prodigués que, dès
l’été suivant, à 19 ans, j’improvisais une semaine de voyage dans les Ardennes,
ou, plus exactement, je faisais de la géographie appliquée sur le terrain, ce
que je n’ai cessé de faire depuis… Ce fut mon premier Voyage Itinérant, certes
non officialisé par des tampons, mais qui sera suivi de beaucoup d’autres !
Tous deux, nous avons connu la magie du Voyage Itinérant, et nous avons collecté des tampons pour le Brevet des Provinces Françaises, seule activité qui a pu me maintenir fidèle à la FFCT jusque ces dernières années. Curieusement, nous n’avons presque jamais voyagé ensemble, en-dehors de quelques jours en Alsace après la Semaine Fédérale de Saint-Dié-des-Vosges en 1972. Serge était trop conscient de ses responsabilités familiales pour s’échapper ainsi, alors que, jeune enseignant célibataire, j’utilisais les importantes plages de congés pour enchaîner voyages, randonnées et déplacements ferroviaires d’un bout à l’autre du territoire. Rappelons que les années 70 et 80 furent une époque bénie où il existait des trains, des fourgons à bagages, des gares et du personnel, des horaires mis à la connaissance de tous…, et respectés ! Aujourd’hui, la SNCF nous fait préférer l’automobile.
Ce n’est donc que
lorsque les enfants, Martine, Sandrine et Jean, eurent grandi, que Serge put
déguster avec lenteur et gourmandise sa quête de villages-contrôles, ce qu’il
fit en Grand Sage, notant une masse de détails et d’anecdotes, mêlant à son
habitude poésie et humour. Son périple achevé, il en fit une publication
confidentielle pour quelques initiés. Sans qu’il insistât sur ce point, ce
récit fut un élément majeur de son activité, tellement nous considérions que le
BPF était le sommet d’une vie de cyclotouriste.
Sans illusions, nous avons aussi échangé sur le déclin de l’esprit cyclotouriste au sein d’une fédération de plus en plus déviante après les années 1980. Ce constat était partagé par les noms les plus reconnus de notre pratique, dont Abel LEQUIEN. Serge et Abel se connaissaient depuis les années cinquante, ils servirent dans la même unité militaire au Maroc, et ils se revirent fréquemment, les clubs de Liévin et d’Auxi-le-Château se côtoyant souvent. Contrairement à Abel, Serge a continué de penser que le maintien des « Anciens » dans la FFCT pouvait servir d’exemple, amender peu ou prou les écarts que nous déplorons tous, voire redresser les erreurs de gouvernance. Je ne l’ai pas suivi sur cette position, mais ce désaccord n’a jamais été qu’un détail dans nos propos. Il nous semblait tellement plus important de goûter le bonheur de pratiquer et de nous promener !
Les obsèques de Serge ont eu lieu le 15 octobre 2018 à Liévin. Outre sa famille, les membres du club des Cyclo-Randonneurs Liévinois, des centaines d’« anciens » de la région, voire de toute la France, s’étaient rassemblés. Et Serge nous avait préparé une dernière surprise, tout-à-fait en accord avec son non-conformisme : le cercueil sortit de l’église accompagné par un chant patriotique des années 1900, « Le Clairon », incroyablement décalé et désuet.
« L’air est pur, la route est large
Et le clairon sonne la charge ! »
Et nous nous sommes
souvenus que Serge aimait fredonner ces paroles sur sa bicyclette !
Ce clairon sonnait pour nous comme un éclat de rire, et nous en avons souri. Dehors, un soleil
radieux accompagnait le nouveau départ de Serge : le clairon le conduirait-il d’abord
auprès du petit soldat du cimetière de Givenchy-le-Noble ?
Voilà. J’ai essayé d’évoquer qui fut pour moi Monsieur CALONNE …