Le Randonneur

Brèves de velo

Les brèves du vélo de l’association « Les Amis du Randonneur »

Hommage à Serge Calonne

Le 10 octobre 2018, Serge CALONNE prenait le départ d’une randonnée ultime, autrement plus durable que le Brevet des Provinces Françaises qu’il avait si longuement dégusté et si magistralement mémorisé et relaté.


Serge Calonne
Serge Calonne dans le Boulonnais

Pour tous les cyclotouristes, Serge fut une sorte de maître, mais sans la règle et la férule, car il personnifiait la bienveillance, la gentillesse et l’optimisme, qu’il agrémentait de fantaisie poétique. Ces qualités lui donnaient une autorité naturelle, ce qui l’a beaucoup aidé dans ses fonctions de dirigeant local, au club de Liévin, au niveau régional à la Ligue des Flandres, et au niveau national à la FFCT, charges et honneurs que d’autres exposeront mieux que je ne saurais le faire, tant le tra-la-la officiel nous importait peu à tous deux… En dépit de notre proximité, cette autorité m’a toujours impressionné au point que je l’appelais toujours « Monsieur CALONNE ». « SERGE ! » répondait-il invariablement…

     « Monsieur PETIT, je vais vous offrir une fraise des bois. ». J’ai encore en mémoire la voix de Serge, au bord d’une route forestière, sur un replat près de Léoncel, dans le Vercors, lors de la Semaine Fédérale de Valence en août 1976. Ces quelques paroles, ce cadeau sublime de simplicité, témoignent de toutes les qualités de la personnalité de Monsieur CALONNE.

      Sa vision poétique du monde lui faisait apprécier la Beauté, où qu’elle se trouve, et il savait repérer et mettre en valeur des détails que nous sommes peu capables de dénicher. Il y avait toujours de l’insolite, du curieux et du drôle dans les randonnées qu’il organisait. Ainsi, le lendemain des obsèques, ma bicyclette m’emmenait revoir la statuette de pioupiou au fond du cimetière de Givenchy-le-Noble (village artésien plus connu pour sa fabuleuse allée de tilleuls), en souvenir d’un jeune soldat tombé en 1915, statuette que Serge avait dénichée et incorporée dans une « randonnée-découverte » au début des années 2000. 

     Nous avons partagé le goût de la recherche d’itinéraires, de beaux passages insolites, de monuments méconnus, que nous aimions faire découvrir aux autres amoureux de la promenade cyclotouriste (des « p’tits coins méconnus » avant la création du Randonneur). Ainsi, Serge fut le créateur de la « Randonnée des Collines d’Artois », organisée dans les années 70 par son club de Liévin, et qui révéla à beaucoup les hameaux du Tirlet ou de Guestreville, sur les hauteurs de l’est du Ternois, des lieux bien plus visités de nos jours… Lors d’une édition par un temps plus que maussade, nous fûmes réconfortés par cette inscription tracée par Serge au sommet d’une côte : « Admirez nos gris ! »

Notre rencontre remonte à 1963. Jeune étudiant, je pratiquais la promenade à bicyclette depuis environ trois ans, autour d’Arras, alors ville de résidence de ma famille. C’était un pur délassement physique et mental, car je n’avais aucun goût pour les activités sportives, et c’est toujours le cas. Je fus attiré à une conférence-découverte sur le cyclotourisme proposée dans une petite salle de l’Hôtel de Ville d’Arras. Vous devinez que le jeune instructeur qui présenta alors le matériel, la philosophie et les activités de la FFCT était Serge CALONNE. Une vingtaine de jeunes, présents ce jour-là, furent invités à une courte randonnée (25 km) aux environs d’Arras, sur des routes que je connaissais par cœur ; mais les conseils me furent si bien prodigués que, dès l’été suivant, à 19 ans, j’improvisais une semaine de voyage dans les Ardennes, ou, plus exactement, je faisais de la géographie appliquée sur le terrain, ce que je n’ai cessé de faire depuis… Ce fut mon premier Voyage Itinérant, certes non officialisé par des tampons, mais qui sera suivi de beaucoup d’autres !


     Tous deux, nous avons connu la magie du Voyage Itinérant, et nous avons collecté des tampons pour le Brevet des Provinces Françaises, seule activité qui a pu me maintenir fidèle à la FFCT jusque ces dernières années. Curieusement, nous n’avons presque jamais voyagé ensemble, en-dehors de quelques jours en Alsace après la Semaine Fédérale de Saint-Dié-des-Vosges en 1972. Serge était trop conscient de ses responsabilités familiales pour s’échapper ainsi, alors que, jeune enseignant célibataire, j’utilisais les importantes plages de congés pour enchaîner voyages, randonnées et déplacements ferroviaires d’un bout à l’autre du territoire. Rappelons que les années 70 et 80 furent une époque bénie où il existait des trains, des fourgons à bagages, des gares et du personnel, des horaires mis à la connaissance de tous…, et respectés ! Aujourd’hui, la SNCF nous fait préférer l’automobile.

     Ce n’est donc que lorsque les enfants, Martine, Sandrine et Jean, eurent grandi, que Serge put déguster avec lenteur et gourmandise sa quête de villages-contrôles, ce qu’il fit en Grand Sage, notant une masse de détails et d’anecdotes, mêlant à son habitude poésie et humour. Son périple achevé, il en fit une publication confidentielle pour quelques initiés. Sans qu’il insistât sur ce point, ce récit fut un élément majeur de son activité, tellement nous considérions que le BPF était le sommet d’une vie de cyclotouriste.

Serge Calonne

Sans illusions, nous avons aussi échangé sur le déclin de l’esprit cyclotouriste au sein d’une fédération de plus en plus déviante après les années 1980. Ce constat était partagé par les noms les plus reconnus de notre pratique, dont Abel LEQUIEN. Serge et Abel se connaissaient depuis les années cinquante, ils servirent dans la même unité militaire au Maroc, et ils se revirent fréquemment, les clubs de Liévin et d’Auxi-le-Château se côtoyant souvent. Contrairement à Abel, Serge a continué de penser que le maintien des « Anciens » dans la FFCT pouvait servir d’exemple, amender peu ou prou les écarts que nous déplorons tous, voire redresser les erreurs de gouvernance. Je ne l’ai pas suivi sur cette position, mais ce désaccord n’a jamais été qu’un détail dans nos propos. Il nous semblait tellement plus important de goûter le bonheur de pratiquer et de nous promener !

     Les obsèques de Serge ont eu lieu le 15 octobre 2018 à Liévin. Outre sa famille, les membres du club des Cyclo-Randonneurs Liévinois, des centaines d’« anciens » de la région, voire de toute la France, s’étaient rassemblés. Et Serge nous avait préparé une dernière surprise, tout-à-fait en accord avec son non-conformisme : le cercueil sortit de l’église accompagné par un chant patriotique des années 1900, « Le Clairon », incroyablement décalé et désuet.

« L’air est pur, la route est large

Et le clairon sonne la charge ! »

Et nous nous sommes souvenus que Serge aimait fredonner ces paroles sur sa bicyclette !

Ce clairon sonnait pour nous comme un éclat de rire, et nous en avons souri. Dehors, un soleil radieux accompagnait le nouveau départ de Serge : le clairon le conduirait-il d’abord auprès du petit soldat du cimetière de Givenchy-le-Noble ?

Voilà. J’ai essayé d’évoquer qui fut pour moi Monsieur CALONNE …

— SERGE ! »

Daniel PETIT

D’autres photos sont à voir ici sur le site d’André Tignon.

Commémoration de la première course sur piste de vélocipèdes

 

Mai 1868, première course sur piste de vélocipèdes au Parc de Saint-Cloud.

 

course sur piste de vélocipèdes

Après la première course de vitesse sur route, Paris – Versailles, le 8 décembre 1867, diverses manifestations de vélocipèdes eurent lieu en 1868, dans les jardins du Pré Catelan du Bois de Boulogne notamment et, le 31 mai 1868, la première course sur piste fut organisée dans le Parc de Saint-Cloud.

Cent cinquante ans plus tard, le 26 mai 2018, une quinzaine de vélocipédistes se sont retrouvés au Pré Catelan et au Parc de Saint-Cloud pour chevaucher d’authentiques vélocipèdes datant de la fin des années 1860 (donc avant l’arrivée du « grand bi ») issus de leurs collections particulières pour refaire, en lieu et place, cette première course sur piste et commémorer cet anniversaire.

Les intéressés à l’événement, reconnaissons-le à regret, étaient peu nombreux en 2018 au regard de l’intérêt suscité ce 31 mai 1868 (voir les photos d’époque) par cette première course sur piste. L’on pouvait y compter cependant quelques amis du Randonneur, dont Stéphane des Hauts-de-Seine, Christian et Françoise du Val-d’Oise et moi-même. Christian s’est essayé à chevaucher un de ces vélocipèdes des années 1860, pas si facile à manier à le voir contracté sur la machine, lui si à l’aise sur sa randonneuse.Course de vélocipèdes

Nous avons suivi cette quinzaine de passionnés dans les rues de Boulogne à qui il fallait une bonne maîtrise de leurs vélocipèdes pour se confronter à la circulation automobile d’aujourd’hui, deux mondes opposés se côtoyant.

Après un parcours dans le Parc de Saint-Cloud, les vélocipédistes se retrouvèrent sur l’allée en bas du bassin inférieur de la grande cascade, à l’endroit même de la première course de 1868, sur une piste linéaire de 350 mètres, soit 700 mètres aller-retour, pour une course de lenteur de 100 mètres et une course de vitesse en deux temps en présence de l’anglais John Moore, octogénaire, petit-fils de James Moore vainqueur de ces premières courses. Bien que n’ayant pas connu ce grand-père mort quand il avait un an, on l’a senti très ému de commémorer cet anniversaire et il a voulu essayer, non sans difficulté, ce vélocipède qui avait fait les beaux jours de son grand-père.

Le départ de chacune des courses a été donné, ou par une descendante d’un des Frères Olivier et de La Bouglise, ou par John Moore. La course de lenteur se déroulait sur 100 mètres mais ne semblait pas la plus facile avec risque de chute mais elle fut bien disputée tout comme la course de vitesse sur 700 mètres où l’on a pu apprécier la vitesse de pédalage pouvant atteindre 23 km/h ! Le grand vainqueur de ce doublé fut Alain Cuvier, grand collectionneur du Loir-et-Cher, mais les autres participants ne furent pas moins méritants et tous reçurent de John Moore, la médaille commémorative-souvenir.

Pour nous public trop peu nombreux, ce fut l’occasion de remonter le temps et de nous rendre compte des progrès apportés au vélo depuis le vélocipède des années 1860 à nos jours et de passer une agréable journée champêtre aux portes de Paris.

Marie-Lou Cauchon

Bicentenaire de la présentation de la draisienne

 

Bicentenaire de la présentation de la draisienne à Paris,
au Jardin du Luxembourg

 

Bicentenaire de la présentation de la draisienne

Draisiennes dans le Jardin du Luxembourg

Le 2 avril 2018, quelques draisiennes, montées par des cavaliers en tenue d’époque, s’étaient donné rendez-vous au Jardin du Luxembourg pour commémorer le bicentenaire de la présentation de la draisienne dans ces jardins, le dimanche 5 avril 1818. On dit qu’à l’époque cette démonstration attira une foule considérable : 3 600 spectateurs. Ce lundi de Pâques, il y avait les habituels promeneurs du Luxembourg, moins nombreux, mais tous étonnés de découvrir ces drôles de machines. Pour beaucoup, ce fut l’occasion d’en connaître un peu plus sur l’histoire du vélocipède et d’essayer la draisienne, l’ancêtre du vélo. Moi aussi j’ai voulu l’essayer, mais mes jambes ne touchaient pas le sol : trop courtes ! Difficile alors d’avancer avec la draisienne.

L’un des cavaliers, Martin Hauge, grand connaisseur du baron de Drais, avait rejoint quelques jours plus tôt Paris de Mannheim en draisienne, soit plus de 600 km !

Après la parade dans le Jardin du Luxembourg, les draisiennes, sous la houlette de l’historien Francis Robin, firent un circuit-souvenir dans Paris.

Du Théâtre de l’Odéon, où quelques amis se retrouvèrent pour accompagner nos cavaliers, les draisiennes se dirigèrent vers la rue Saint-André-des Arts, au n° 66, où habitait Jean Garcin, organisateur de la présentation, le 5 avril 1818, de la draisienne dans les jardins du Luxembourg. Puis passèrent la place et le pont Saint-Michel, le boulevard du Palais pour faire un arrêt au 47 quai de l’Horloge où habitait Louis-Joseph Dineur, dépositaire en février 1818 du brevet de la laufmaschine (machine à courir) du baron de Drais sous le nom de vélocipède : du latin velox : rapide et pedes : pieds. Passés par le Pont Neuf et les Jardins des Halles, ils atteignirent le théâtre des Variétés, 7 Boulevard Montmartre, où, le 2 mai 1818, fut jouée la pièce satirique : les Vélocipèdes ou la Poste aux chevaux.

Bicentenaire de la présentation de la draisienne

Cour Saint-André

Le périple parisien se termina au 86 rue Saint-Lazare devant le jardin de Tivoli, à l’époque un jardin de loisir où le baron de Drais fit lui-même une démonstration de sa machine, le 21 octobre 1818. Aujourd’hui, il ne reste rien du jardin, seulement une plaque commémorative de Tivoli. (Décevant).

Imaginez les draisiennes et leurs cavaliers costumés dans les rues de Paris au milieu des voitures. Une réelle curiosité pour beaucoup de badauds et donc des arrêts explicatifs, notamment du côté de Saint-Eustache. L’occasion de voir deux mondes se côtoyer à deux siècles de distance.

J’ai appris ce 2 avril que Paris était la capitale historique du vélo depuis 200 ans, et plus encore en faisant « quelques tours de roues » dans Paris avec ces premiers « vélocipèdes »  et leurs conducteurs férus d’histoire de vélos anciens. Merci à eux.

Marie-Lou Cauchon

 

A vos agendas : le samedi 26 mai 2018, dans les jardins du Pré Catelan et au Parc de Saint-Cloud, commémoration du 150e anniversaire de la première course de vitesse officielle sur piste avec d’authentiques vélocipèdes de la fin des années 1860. (www.velocipedistes.com)

Festivals du voyage à vélo 2017

 

Les Amis du Randonneur présents aux festivals et salons

 

En ce début 2017, Le Randonneur était présent aux festivals du voyage à vélo
à Vincennes et Nancy en janvier, au Vélosons à Chambéry et aux Randofolies à Rennes en mars.

 

Randofolies Rennes

Rennes – Salon de la randonnée

Randofolies Rennes

Un stand animé par des Amis du Randonneur

Randofolies Rennes

Randofolies Rennes