Le Randonneur

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Les lectures recommandées par les Amis du Randonneur

La bibliothèque du Randonneur

Bibliothèque du Randonneur


Dans la bibliothèque du Randonneur n° 72 de janvier 2020, vous pourrez découvrir :

  • Collectif, The Rough-Stuff Fellowship archive ; une extraordinaire collection de photographies qui montrent que les tendances actuelles, « gravel » et autre « bikepacking » ne datent pas d’hier et qu’au-delà des modes, une pratique simple et dépouillée du tourisme à bicyclette a toujours existé et perdurera, à l’image de la philosophie développée au sein des Amis du Randonneur.
  • Pascal Bärtschi, Six ans à vélo autour du monde ; raconter six ans de voyage et plus de cent mille kilomètres dans un seul ouvrage de trois cents pages, voilà la gageure réussie par Pascal qui nous emporte avec lui en toute simplicité sur les routes du monde, dans la grande tradition des récits de voyages autour du monde, qui posent des questions sans y apporter de réponses formelles.
  • Gérard Bastide, Le Voyageur est un menteur ; vous pensiez que tout avait été écrit sur le voyage à vélo et sur sa narration ? Détrompez-vous, Gérard Bastide s’empare, avec sa fantaisie et sa causticité habituelle, du sujet et le passe au tamis de son imagination et de sa créativité pour nous livrer un récit hors normes, décapant et réjouissant au possible.
  • Patrick et Véronique Sinsard, Petite reine & grands romans ; lire et pédaler, deux activités chères aux lecteurs du Randonneur, activités partagées par les auteurs de ce guide original qui conduit ses lecteurs sur les traces de grands romans français, en les invitant à les redécouvrir sur les routes mêmes de leur action.

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Jean-Yves MOUNIER

Les premiers récits cyclistes : L’inévitable épopée

Par Paul Fabre

La nouveauté engendre souvent l’enthousiasme, et l’enthousiasme façonne vite l’expression. C’est sans doute pour cela que les récits des débuts d’une pratique, quelle qu’elle soit, prennent aisément des accents épiques ; des premiers comptes rendus des courses cyclistes aux premières relations de voyages à bicyclette, le vélo n’échappe pas à cette tendance, à cette constante : le glissement vers l’épopée. Au demeurant, on remarquera que l’exploit sportif, fût-il hors du domaine du cyclisme, se prête facilement au chant épique : il suffit, pour s’en assurer, d’écouter le ton enflammé des commentateurs et leur lexique de l’hyperbole (on résumera cela par le désormais célèbre gooooaaaal ! des reporters brésiliens du football). Ainsi le ton de l’épopée est-il naturellement le ton que prennent souvent les auteurs de voyages bien réels : par là, ce réel se transforme vite en légende, la légende qui est en fait le roman épique du vrai ; et si on exprime la vérité en roman, c’est pour la marquer avec force, pour mieux la revivre, pour la rendre plus sensible : on oublie facilement une anecdote, on n’oublie pas une épopée !

Je prends le mot épopée dans son acception traditionnelle et simplifiée : un récit où le merveilleux se mêle au vrai, où la légende se mêle à l’histoire, et dont le but est de célébrer un héros ou le groupe fondateur d’un peuple ; et, plus familièrement : un récit qui relate des événements réels de façon à les sublimer par les moyens divers qu’offre l’expression. C’est ce que font les premiers récits cyclistes, parmi lesquels les trois que j’ai choisis pour illustrer mon propos.

*

Considérons d’abord les titres des trois ouvrages retenus.

Alcide Bouzigues, Du 25 juillet au 2 août 1891. Voyage fantastique en bicyclette de Paris à Lannemezan (Paris, chez l’auteur, 1896 ; réédition Saint-Germain-des-Prés, Artisans – Voyageurs, 2009 ; préface d’Henri Bosc) ; Édouard de Perrodil, Vélo ! Toro ! Paris-Madrid à bicyclette 1893 (Paris, Flammarion, 1894 ; réédition Toulouse, Le Pas d’oiseau, 2006 ; présentation de Nicolas Martin ; illustrations originales d’Henri Farman) ; Docteur Ruffier, Voyage à bicyclette. De Paris à la Méditerranée par le Jura et les Alpes (Paris, éditions Physis, 1928).

On remarquera que malgré la simplicité du mot voyage qui se trouve dans deux des trois titres, l’accent vers l’épopée est exprimé ou, du moins, suggéré. Alcide Bouzigues annonce clairement la couleur avec l’adjectif fantastique : « fabuleux, mythique, surnaturel », si l’on en croit les dictionnaires ; l’énonciation temporelle (du 25 juillet au 2 août) fonctionne comme un soulignement de l’exploit. Édouard de Perrodil, de son côté, joue sur l’exotisme et l’exclamation, sur le lien entre Espagne et corrida : Vélo ! Toro ! Le docteur Ruffier paraît plus objectif, moins épique, mais il n’en souligne pas moins le caractère remarquable du voyage par l’ajout d’une précision géographique : où les deux titres précédents se contentaient de donner les points de départ et d’arrivée (Paris à Lannemezan, Paris-Madrid), celui de Ruffier apporte sa note d’exception par l’affirmation d’un itinéraire qui n’est pas forcément le plus court ni le plus facile : par le Jura et les Alpes.

Ainsi les titres donnent-ils le ton. Ce sont des marqueurs initiaux, des signaux qui annoncent la couleur du récit à venir (ils font penser au fameux click de Léo Spitzer, cet élément formel d’un texte vers lequel tout le texte convergerait nécessairement). Bien entendu, cette couleur du récit va différer d’un auteur à l’autre. Ces auteurs sont (et ont) des personnalités différentes, ils ont des professions distinctes : de Perrodil est journaliste, Bouzigues est pharmacien, Ruffier est médecin. Bien qu’ils partent tous les trois de Paris, leurs parcours sont différents, et celui de Ruffier est effectué trente-cinq ans après le premier. Bouzigues et Ruffier sont des solitaires, de Perrodil est accompagné de Farman et il sera soutenu tout au long de son raid par de nombreux compagnons ; les deux premiers roulent presque en cachette, alors que le troisième est annoncé par la presse et reçu officiellement ici et là : il est vu, avec ses compagnons, comme « los que vienen de París » ou encore comme « les diables qui viennent de Paris ».

Ces différences se feront jour dans le récit. Bouzigues accordera une grande place aux évocations poétiques et aux descriptions de la nature ; Ruffier prend le visage d’un militant qui en veut aux aubergistes, aux syndicats d’initiative, au tourisme mal compris. De Perrodil ne pense guère qu’à la route en elle-même et sous toutes les formes qu’elle peut prendre ; sa phrase est rapide, il accorde beaucoup de place aux dialogues. Au contraire, la phrase de Bouzigues est ample, souvent poétique ; celle de Ruffier est plus prosaïque, elle se penche sur des problèmes d’écologie (le barrage sur l’Agly, les devoirs du progrès : « Une usine doit des compensations à la région qu’elle enlaidit », p. 96), sur des questions de restauration (les mets frelatés, dont il est souvent question !), de technique vélocipédique (les développements, la cadence de pédalage).

Alcide Bouzigues, Du 25 juillet au 2 août 1891. Voyage fantastique en bicyclette de Paris à Lannemezan
Alcide Bouzigues, Voyage fantastique en bicyclette de Paris à Lannemezan
(suite…)

Un touriste & autres textes

Récits d’excursions à bicyclette 1899 – 1906

Adolphe d’Espinassous

Après avoir exhumé en 2018 « Vers la Méditérannée » de Paul de Vivie, alias Vélocio, présenté dans le numéro 70 de mai 2019 du Randonneur , Laurent Vigniel propose dans cette nouvelle publication les récits d’un touriste à bicyclette bien moins connu mais conteur de qualité et pratiquant assidu : Adolphe d’Espinassous.
Une courte biographie introductive permet d’en apprendre plus sur le personnage, né en 1851 et mort en 1942, pratiquant un tourisme itinérant à bicyclette avec des distances de 120 km par jour en moyenne, bien connu de Vélocio avec lequel il ne fut pas toujours en excellent terme. La contribution de d’Espinassous au Cycliste s’est en effet interrompu périodiquement, au gré des humeurs de ces deux caractères bien trempés.
Rassemblant des textes parus dans la Revue du Touring-Club de France et dans le Cycliste, parfois conjointement, cette compilation, fort bienvenue, nous replonge dans ces années où la discussion tournait autour des équipements de la bicyclette, polymultiplication, freinage, éclairage, où les pratiquants vantaient, ou non, les bienfaits du végétarisme, où les récits d’excursion vantaient souvent avec excès les mêmes sites touristiques… bref des préoccupations pas si éloignées de celles de nos contemporains !
Complété par des photographies d’époque et le profil des pentes de H. Dolin, ce livre constitue un document exceptionnel à lire absolument.

2019 – 432 pages – Prix : 20,90 €

Auto-édition disponible via Vélotextes, le site de Laurent Vigniel

Un touriste & autres textes

Jean-Yves MOUNIER

Paul Fabre publie

La Cançon de la Crosada de l'anonyme

La Cançon de la Crosada de l’Anonyme

Pour tout Occitan, La Cançon de la Crosada devrait être un livre de chevet; pour tout Français, elle devrait être, au moins, un livre d’histoire. C’est pour cela que notre ami Paul FABRE a décidé d’en faire une nouvelle présentation pour rendre cette œuvre aussi aisément accessible qu’il est possible : mise en graphie moderne du texte médiéval, traduction aussi proche que possible de l’original, lexique nécessaire pour le lecteur susceptible d’approcher ou de lire l’ancienne langue, notes réduites à l’essentiel.

Le tome I donnait le texte de Guillaume de Tulède, qui raconte les événements qui ont martyrisé l’Occitanie entre 1208 et 1213, du meurtre du légat du pape Pierre de Castelnau aux préparatifs de l’entrée en guerre de Pierre II d’Aragon, en passant par le sac de Béziers, les sièges de Lavaur, de Minerve et de Termes, et l’avancée des croisés à travers tout le Languedoc. Il est toujours disponible chez Gilbert JACCON.

Le tome II, à paraître en novembre 2019, donne la première partie du texte de l’Anonyme qui a pris la suite de Guillaume de Tulède ; ce volume narre les événements qui vont de 1213 à 1217 (entrée de Raimond VI à Toulouse) : le siège de Pujol, la bataille de Muret, le concile de Latran, l’arrivée du futur Raimond VII en Provence, le siège de Beaucaire, les représailles de Simon de Montfort contre Toulouse, le soulèvement des habitants et la mort du chef de la Croisade (un tome III donnera la suite de la Chanson de l’Anonyme jusqu’à la fin).

L’un et l’autre volume sont disponibles chez Gilbert JACCON Éditeur (18, ruelle Berthet, 21200 Beaune, ou sur son site www.gilbertjac.com), chacun au prix de 16 euros.

La bibliothèque du Randonneur

Bibliothèque du Randonneur


Dans la bibliothèque du Randonneur n° 71 de septembre 2019, vous pourrez découvrir :

  • Guillaume MARTIN, Socrate à vélo ; quand un coureur cycliste professionnel, par ailleurs diplômé de philosophe, met en scène ses maîtres à penser et les convie à participer au Tour de France, cela donne un récit savoureux, fantaisiste et jubilatoire, sans qu’il ne soit nécessaire d’être spécialiste pour en apprécier la teneur.

  • Franck TURLAN, Sur la route des Balkans ; un voyage à vélo dans des contrées qui restent fortement marquées par les guerres mais dans lesquelles l’auteur va trouver la part d’humanité qui motive son périple, par temps de paix. Une belle réflexion sur l’Europe et l’Histoire et un témoignage authentique et sensible.

  • Collectif, Partir à vélo ; le témoignage de quatorze cyclo-voyageurs qui partagent avec ferveur et talent leurs aventures à bicyclette et incitent à partir, un peu, beaucoup, passionnement ! Des conseils, des illustrations d’Aurélia Brivet, idéal pour préparer ses futurs voyages et aller plus loin dans la lecture de récits de voyage à vélo.

  • Emmanuel RUBEN, Sur la route du Danube ; une extraordinaire odyssée le long du Danube en remontant vers sa source pour évoquer l’histoire européenne, pour comprendre le rôle de l’Orient dans la construction historique et culturelle du Vieux Continent, un récit hors normes dont la richesse littéraire et humaine imprégnera longtemps le lecteur.

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Jean-Yves MOUNIER

Raymond Henry publie

Charles Antonin, cyclotouriste aux multiples facettes

Après nous avoir éclairé pendant 974 pages sur l’histoire du cyclotourisme entre 1865 et 2016 (cf Le Randonneur n° 67 d’avril 2018), Raymond nous livre aujourd’hui la biographie de celui qui fut président de la Fédération française de cyclotourisme de l’après-guerre, photographe émérite et cyclotouriste pratiquant et convaincu.

Comme l’indique le titre de cet ouvrage, la personnalité de Charles Antonin, ainsi que son action au sein du mouvement cyclotouristique, méritait bien une étude approfondie pour que chacun, selon le vœu de Raymond Henry, puisse se faire une idée précise sur le personnage, parfois controversé mais longtemps honoré à travers le prix photo-littéraire de la FFV, récemment devenu prix Pierre Roques..

S’appuyant sur des documents d’époque et notamment une riche correspondance patiemment recueilli par l’auteur, abondamment illustrée, en particulier des photos même de Charles Antonin, cette étude captivera les amateurs d’histoire cylotouristique, amateurs qui ne manqueront pas de remarquer quelques similitudes entre cette période troublée d’après-guerre et celle actuelle, au cours de laquelle le mouvement cyclotouriste fédéral semble de nouveau en quête d’identité.

Charles Antonin, cyclotouriste aux multiples facettes

2019 – 96 pages – 15 € + frais de port

Édité par la Fédération française de cyclotourisme

Charles Antonin

Jean-Yves MOUNIER

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Dans la bibliothèque du Randonneur n° 70 de mai 2019, vous pourrez découvrir :

  • Gérald WAIRY, La France en diagonale ; quand un engin destiné aux salles de sport devient un moyen de locomotion apte à découvrir la France profonde, de Menton à Rospoder. Une manière originale de voyager, en vélo-stepper muni d’une remorque, et un récit délicat au plus près de notre pays.

  • Yves CHALOIN, Nectar de voyage ; sept voyages à vélo à travers le monde résumés dans un carnet graphique qui va à l’essentiel pour extraire la substantifique moëlle du voyage. Humour et second degré sont convoqués dans ces pages qui se lisent avec gourmandise et donnent envie d’en apprendre plus sur l’auteur et sa compagne, elle aussi grande voyageuse.

  • Paul DE VIVIE, Vers la Méditerranée ; la mise à disposition du plus grand nombre d’un récit de voyage de Vélocio est à saluer, particulièrement quand ce texte est de qualité et permet d’en apprendre plus sur l’Apôtre du cyclotourisme. Souhaitons que cette initiative de Laurent Vigniel soit suivie de nombreuses autres !

  • Vincent Hanrion, Cinécyclo Tour Sénégal ; pédaler sur un vélo cargo muni d’une lourde caisse de 35 kg contenant tout le matériel de projection et de production d’électricité ; partir dans les villages les plus improbables du pays et offrir aux habitants un spectacle unique au cours duquel il leur faudra pédaler. Une initiative généreuse et enrichissante qui ne néglige pas la réflexion sur l’aide humanitaire et l’investissement des populations.


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Jean-Yves MOUNIER

Paul Fabre publie

La Cançon de la Crosada

La Cançon de la Crosada
de Guillaume de Tudèle
(Texte, traduction et notes)

de Paul Fabre

La Chanson de la Croisade albigeoise de Guillaume de Tudèle raconte en 131 laisses et 2772 vers les événements qui ont martyrisé l’Occitanie entre 1208 et 1213, du meurtre du légat du pape Pierre de Castelnau aux préparatifs de l’entrée en guerre de Pierre II d’Aragon, en passant par le sac de Béziers, les sièges de Lavaur, de Minerve et de Termes, et l’avancée des croisés à travers tout le Languedoc.

Le texte médiéval du poème a été transcrit par Paul FABRE en graphie occitane moderne, celle de l’Institut d’Études occitanes. Ce travail difficile permettra sans doute aux occitanophones de reconnaître en partie leur propre langue dans le texte ancien (les notes permettront d’aider cette reconnaissance). Le lecteur français découvrira une langue, pour lui sans doute inconnue, mais qui fut en son temps la première langue d’Europe.

Pour qui lira la Chanson de la Croisade albigeoise, Béziers et Lavaur ne pourront plus être seulement des noms de villes, la Madeleine et Termes ne pourront plus être seulement les noms d’une église et d’un château, et les comtes de Toulouse ne pourront plus être de simples noms de seigneurs. Impossible, quels que soient ses atermoiements et ses erreurs, de faire de Raimond VI un quelconque bon roi Dagobert, impossible de faire coïncider Simon de Montfort avec le comte conquérant de nos livres d’histoire…

*

Paul FABRE, est agrégé de l’Université, docteur ès-Lettres, et professeur émérite de l’Université Paul Valéry. Il a été vice-président de l’Institut d’Études occitanes, président du Centre d’Études occitanes de Montpellier III, et pendant dix-neuf ans rédacteur de la Revue des Langues romanes. Secrétaire général de Défense et Promotion des langues de France sous la présidence d’André Chamson, il a fait partie de la Commission ministérielle mixte pour l’enseignement des langues régionales. Il a publié dix ouvrages qui intéressent l’occitan et l’Occitanie dans des domaines différents : littérature médiévale, poésie, toponymie, roman, fables…

Il publie ici le onzième, une édition de la Chanson de la Croisade albigeoise de Guillaume de Tudèle, grâce à Gilbert Jaccon, qu’on ne remerciera jamais assez pour avoir accepté cette aventure éditoriale et mené à bien cette entreprise. Ce travail est pour son auteur le remboursement d’une partie de la dette qu’il a envers son pays, le Languedoc.

La Cançon de la Crosada de Guillaume de Tudèle
2019 – 290 pages (2 cartes) – 16 € (deux euros sont prélevés sur chaque exemplaire vendu et sont intégralement reversés aux restaurants du cœur).

Commander à Gilbert Jaccon.

Mon TOP 5 des récits de voyage à bicyclette 2018

Cette année, Hervé Le Cahain a recensé quarante-sept récits de voyage et même avec son aide et celle de Philippe, le troisième compère de Biblio-cycles, il a été impossible de les lire tous. Pour certains, la simple lecture de la quatrième de couverture ou des extraits publiés sur la toile, était rédhibitoire, pour d’autres, la difficulté de se les procurer les privait d’une meilleure audience.

Toujours est-il que la sélection ci-dessous, présentée par ordre alphabétique, partielle et partiale, sera sans contexte une source de joie et d’évasion pour qui prendra le temps de s’y plonger, un plaisir raffiné comme le livre papier sait encore en offrir.

Jean-Yves Mounier

Alice Baude

Dialogue avec les nuages.

200 pages, 18 €, Éditions Racaille.

Sous-titré « Balade cycliste en Irlande », ce récit, à la croisée du récit de voyage, à l’ambition plutôt littéraire, et du journal de route, recueil d’émotions quotidiennes et spontanées, est une formidable ode à la bicyclette, rédigé avec une délicatesse et une joie de vivre communicatives. Il nous propose un portrait tout en finesse, par petites touches créatives et sensibles, de la côte ouest irlandaise.

« Faire du paysage une poésie », tel est le projet d’Alice, projet qui va se traduire par peintures, dessins et poèmes – lesquels font l’objet d’une édition indépendante – et, naturellement, une narration de grande qualité pour rendre « les sensations du paysage », « siroter avec lenteur le bonheur d’exister » et vivre la difficulté pour mieux appércier la facilité de certaines rencontres, de moments plus apaisés.

Dialogue avec les nuages

Anecdotes plein les sacoches

Aurélia BRIVET

Anecdotes plein les sacoches ou Comment j’ai rejoint l’Islande en solitaire avec le vélo de ma grand-mère.

240 pages, 35 €, auto-édition disponible sur le site de l’auteure.

L’avertissement encadré sur la deuxième de couverture résume à lui seul la teneur de cet étonnant OPNI, objet publié non identifié… « Attention avant lecture de ce livre : risque d’ouverture d’esprit sur le monde réel […] ». Mise en page chaotique, illustrations en tout genre, narration débridée, l’ensemble donne a priori une impression de grand désordre à laquelle il convient de ne pas céder puisque l’ambition d’Aurélia est bien de nous emmener dans son monde, rempli d’imagination, de fantaisie et d’amour de la vie.

Un livre tout à fait à part, réjouissant et « fortement déconseillé aux personnes qui ne savent pas prendre leur temps » déjà présenté dans le Randonneur n° 69 de janvier 2019.


Joshua CUNNINGHAM

Un globe-trotter à vélo.

264 pages, 25 €, Gallimard.

Quasiment chaque année, l’édition consacrée au voyage à vélo nous offre ce qu’il est convenu d’appeler un beau livre. Beau par sa taille, ses photos, la qualité du papier, ce qui ne signifie pas automatiquement bon livre par sa valeur littéraire ou narrative.

Le récit de Joshua présenté ici appartient à la catégorie plus rare des beaux livres bien écrits qui apportent à leur lectorat informations sérieuses sur le voyage, sur les pays traversés, sur le quotidien du voyageur cycliste, le tout agrémenté de photos superbes et bien mises en valeur par la maquette aérée et originale de l’ouvrage.

Déjà présenté dans le Randonneur n° 68 de septembre 2018, ce « trois en un » mérite une place de choix dans la bibliothèque de tout amateur de voyage en général, à vélo en particulier.

Un globe-trotter à vélo

Bicyclettres

Jean-Acier DANÈS

Bicyclettres.

224 pages, 17 €, Éditions du Seuil.

Pendant deux ans, Jean-Acier Danès, alors âgé de dix-huit ans est parti à la rencontre des écrivains qu’il affectionne, « pour l’humanité indélébile dont ils ont fait preuve ». Lieux de vie, d’écriture et de sépulture de Paul Valéry, Victor Hugo, Jules Verne – pour n’en citer que quelques-uns – n’auront bientôt plus de secret pour lui et pour Causette, sa bicyclette dont le nom n’a sûrement pas été choisi au hasard !

Lors de ces rencontres d’un instant ou de quelques jours, l’auteur va découvrir également ce qu’est le voyage à vélo, « les petits détails qui font une joie grandiose », la liberté de voyager à bicyclette, les mystères de la route de nuit mais aussi l’ennui de longues plaines désespérément plates, l’omniprésence des voitures dans les « années autoroute », le départ chaque matin.

À travers sa déambulation littéraire, Jean-Acier nous propose une géographie de la France des plus originales, en « suivant les lignes noires des livres » qu’il aime.


Marc JUNCKER

Histoires de voyage.

232 pages, 18,90 €, St Honoré éditions.

L’auteur nous livre une série d’anecdotes sur le voyage, la plupart vécues sur l’Eurovélo 6 entre Nantes et Mulhouse, tronçon qu’il se plaît à parcourir de manière très régulière. Il nous les livre avec humour et ironie, alternant de belles observations sur le quotidien du cyclo-campeur, les rencontres journalières, le bivouac et les autres usagers de la route dont ces « aventuriers des temps modernes », camping-caristes envahisseurs, trop souvent peu respectueux des règles élémentaires de la vie en société.

Le lecteur ne partagera pas forcément les vues de Marc Juncker sur la société actuelle mais son « récit d’aventures » conduira au moins à y réfléchir. Ce témoignage montre également que pour faire un beau voyage, il est inutile de partir vers de lointaines contrées exotiques et de chercher à tout prix le dépaysement.

Histoires de voyage

La bibliothèque du Randonneur

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Dans la bibliothèque du Randonneur n° 69 de janvier 2019, vous pourrez découvrir :


        • Aurélie BRIVET, Anecdotes plein les sacoches ; à la fois récit et carnet de voyage, une déambulation imaginative et humoristique vers l’Islande, un ouvrage dans lequel Aurélia nous montre toute sa créativité, et sa joie de vivre une si belle aventure.

        • Franck MICHEL, Pédale douce ; sous-titré « Ode au vélo et à la lenteur », ce petit livre nous invite à réfléchir sur les vertus de la bicyclette, sur l’autonomie et sur le sens à donner à sa vie, sens indiqué naturellement par son deux-roues préféré !

        • Gérard DE SMAELE, Du vélocipède à la bicyclette dans les livres et revues de 1817 à 1939 ; une histoire de la bicyclette à travers iconographie et publications de l’époque, un musée imaginaire, technologique et humain, montrant l’incroyable évolution qui a conduit à la machine que nous connaissons de nos jours.

        • Ken AVIDOR, Bicyclopolis ; une bande dessinée hors norme qui transporte, grâce au vélochronitron, le lecteur vers un monde de chaos et de guerre dans lequel la cité utopique de Bicyclopolis apparaît comme un ultime salut, avec l’aide précieuse et irremplaçable du vélo.


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Jean-Yves MOUNIER

Jacques Faizant aurait 100 ans

Jacques Faizant roule en tête

 

Dans le numéro 68 du Randonneur, Raymond Henry et Paul Fabre rendent un hommage appuyé à Jacques Faizant, véritable ambassadeur du cyclotourisme, qui aurait eu 100 ans le 30 octobre de cette année.
Chacun à leur manière, ils évoquent les deux romans les plus étroitement liés à notre pratique : Albina et la bicyclette (1968) et Albina roule en tête (1977). Ces deux ouvrages désormais mythiques ne sont malheureusement plus édités mais on peut les retrouver facilement dans le volume 2 des Œuvres romanesques (1997) publiés chez Denoël.
De plus, les relations entre le dessinateur et la petite reine fait l’objet d’un chapitre entier, Tous en selle, dans le très bel et complet ouvrage Jacques Faizant dessinateur de légendes paru en 1996 chez JC Lattès et toujours disponible.
Deux occasions d’en savoir plus sur ce personnage hors normes.

 

Œuvres complètes II – Jacques Faizant
1997 – 648 pages – 30,90 €

Jacques Faizant dessinateur de légendes – Olivier Raynaud et Pierre Pellisier
1996 – 272 pages – 38,70 €

 

Jean-Yves MOUNIER

La bibliothèque du Randonneur

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Dans la bibliothèque du Randonneur n° 68 de septembre 2018, vous pourrez découvrir :

 

        • Olivier PEYRE, En route avec Aile ; sept ans autour du monde en réduisant au maximum son empreinte carbone, vélo, voilier-stop et parapente pour la découverte de coins de la planète à travers les trois éléments, Terre, Eau et Air.

        • Monsieur IOU, Le tour de Belgique de Monsieur Iou ; une bande dessinée très originale pour partir sur les routes d’un pays méconnu, la Belgique. Humour, fantaisie et auto-dérision au rendez-vous de ce récit graphique.

        • Joshua CUNNINGHAM, Un globe-trotter à velo ; ce qu’il est convenu d’appeler un beau livre, entre récit de voyage, guide technique et album de photos, une approche différente du cyclisme d’aventure.

        • Christophe SALAÜN, Éloge de la roue libre ; quand un philosophe amateur de bicyclette énonce les vertus de celle-ci, l’amateur de bicyclette qui le lit ressent tout de suite les rapports de la machine avec la philosophie


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Jean-Yves MOUNIER